Les Franchises de Fictions
Exposition collective du Réseau documents d'artistes
Commissariat de Guillaume Mansart
avec Benedetto Bufalino, Bertrand Dezoteux, Alain Domagala, Jean-Benoit Lallemant, Nicolas Momein, Marc Quer, Xavier Theunis, Thomas Tudoux et Sylvie Ungauer
Vernissage samedi 30/08 à 18h00
Le Réseau documents d'artistes rassemble des structures installées dans quatre régions de France (Paca, Bretagne, Rhône-Alpes, Aquitaine) et dont la mission commune consiste à donner à lire, à travers l'édition en ligne de dossiers d'artistes, les paysages de l'art d'aujourd'hui. C'est une communauté de près de 300 artistes qui est rassemblée sur le web à travers les différents sites. Un ensemble paradoxalement hétérogène et cohérent, qui lie sans distinction la jeune peinture à la photographie plasticienne, la sculpture à la vidéo, la rigueur de pratiques processuelles à l'empirisme de l'expérimentation, l'implication sociale au formalisme pur... A travers la documentation, c'est une création protéiforme qui prend corps et se rassemble.
Prenant pour point d'appui ce regroupement composite de sensibilités et de points de vues, l'exposition Les franchises de fictions s'est construite sur le constat que cette proximité pouvait être lue, en élargissant le spectre, comme un reflet de la vie (péri)urbaine. À travers une sélection d'œuvres d'artistes présents sur les différents sites, l'exposition souligne ce lien invisible qui construit les communautés humaines. Il est alors question de voisinage, de co-habitation, de vivre ensemble, à côté, de cette affiliation hasardeuse ou déterminée à un groupe et de la volonté d'appartenir et de se distinguer... Une communauté d'artistes comme paradigme, le territoire de l'art comme le territoire de la vie.
Dans un court ouvrage qu'il consacre à la vie périurbaine (et à sa réévaluation), l'anthropologue Eric Chauvier nomme « franchises de fictions » les endroits où, dans la grille orthonormée de l'organisation de la ville, surgit l'expression d'une liberté esthétique ou fonctionnelle plus ou moins consciente. « En marchant sans forcer le pas, écrit-il, nous avons observé à quel point les seuils des pavillons de notre rue révèlent la vie qui se déroule à l'intérieur – ce que nous nommons « les franchises de fictions » - ; cette vie exsude dans ces deux ou trois mètres carrés qui se donnent en public tout en appartenant au privé. Ce sont des chaussures pour l'extérieur, un parapluie, un sac de plage, de la poussière grise ramenée d'une marche passée, la serviette d'une baignade. » C'est à l'endroit de ce basculement de l'intime au public, de l'individué au partagé, que tentent de se poster les oeuvres des artistes présentés dans l'exposition. Elles sont autant de « franchises de fictions », autant de seuils sur lesquels ont été déposés les indices de vies différentes.
Une coproduction Friche la Belle de Mai - Réseau documents d’artistes.