Olivier Nottellet
Né⋅e en 1963
Vit et travaille à Lyon



« Le travail d'Olivier Nottellet est hanté par un fantôme tricéphale qui se joue des espaces qu'il traverse (la feuille, le mur, la pièce). Qu'il « convoque tantôt l'écrivain, l'architecte ou le cinéaste », c'est le plus souvent sous l'apparence du dessinateur que l'esprit a choisi de se montrer.
Ses dessins sont des masses noires qui s'écroulent, rebondissent, se diffractent, s'épanchent et explosent. Toute une grammaire légèrement désaxée, branlante, d'où émergent parfois des personnages à tête noire encombrés d'objets, des constructions précaires proches de l'effondrement, des cadres vides empilés et désorientés. Les dessins habitent d'abord l'espace de la feuille blanche, celle des cahiers, que l'artiste produit et qu'il exploite comme matériau en vue d'une future adaptation : « Ce qui m'intéresse, c'est d'utiliser cette matière ; j'ai une manière cinématographique de l'utiliser, je me promène parmi les dessins comme avec une caméra. » Comme des acteurs d'une histoire à venir dont le lieu sera l'espace de l'exposition, les dessins migrent des cahiers pour venir se confronter à la réalité des murs ; ils s'agrippent aux changements d'échelle, moquent portes et fenêtres pour donner la réplique à des objets qui leur ressemblent et avec lesquels il leur arrive de s'accoupler.
Échappés de leur espace bidimensionnel, ils produisent le dialogue de leur présence conjuguée et éphémère : leur apparition ne dure que le temps de l'exposition. Pas de camouflage, ni de trucage, car Olivier Nottellet « déteste le trompe-l'œil » et invite le spectateur à observer ce qui se passe en hors-champ, car tout est donné à voir. Le spectre du cinéaste donc, mais un cinéaste qui construit des films sans scénario préalable. » […]
Extrait du texte de Claire Guézengar, in French connection, Blackjack editions, 2008