Nicolas Floc'h
Entretien filmé de Nicolas Floc’h pendant le montage de l’exposition
Glaz
au Frac Bretagne,
du 15 septembre au 26 novembre 2017
Réalisation : Margaux Germain
Collection d'entretiens filmés du Réseau documents d'artistes
Production : Réseau documents d’artistes et Documents d’artistes Bretagne
Durée : 8'55"
Depuis 25 ans, Nicolas Floc’h investit de nombreux champs artistiques.
Ses installations, photographies, sculptures ou encore performances questionnent une époque de transition, où les flux, la disparition et la régénération tiennent une place essentielle. Artiste engagé, il ne cesse de travailler à partir de constats sociétaux, environnementaux et économiques, où il imagine de possibles évolutions.
De ses projets au long cours, nourris de voyages, de rencontres et de la recherche scientifique, naissent des œuvres ouvertes, ancrées dans le réel, où les processus collaboratif et évolutif tiennent la première place.
D’entrée de jeu, le visiteur est confronté à l’une des œuvres emblématiques de l’artiste, la Tour pélagique, sculpture monumentale réalisée à partir de la forme et des dimensions de la tour Eiffel, filet pêchant présenté dans le puits de lumière du Frac Bretagne en sa version repliée. Dans la galerie Nord du Frac Bretagne, l’artiste emmène le visiteur dans les Villes immergées. À travers 40 sculptures et 25 photographies noir et blanc, Nicolas Floc’h évoque la présence de récifs artificiels au fond des mers. Ces structures, qui prennent la forme de figures géométriques et modulaires, simples ou plus élaborées, ont vocation à devenir un habitat protecteur, permettant à la faune et la flore sous-marines de se régénérer et se développer. Nicolas Floc’h a entrepris depuis près d’une dizaine d’années d’en faire un répertoire typologique et de mettre à jour ces Structures productives soustraites au regard, qui, immergées, sont rapidement soumises à l’entropie, offrant une image fantomatique au sein d’un monde englouti digne de Jules Verne.
Depuis 2015, Nicolas Floc’h réalise en Bretagne des photographies et des études sur les habitats naturels : les Paysages productifs. Dans la galerie Est, de grandes photographies livrent des visions sous-marines où la flore, emportée par le flux, créé des paysages sauvages, des espaces qui évoquent des forêts, des plaines, des grottes, des montagnes… Nicolas Floc’h a conçu la galerie Sud comme un espace immersif, recouvrant les murs de plancton et installant des bioréacteurs, en quête du projet poétique de découvrir « la couleur de l’eau », ce qu’il tend à traduire par l’emploi du mot breton glaz, qui désigne une couleur indéfinissable entre le vert et le bleu. L’exposition joue au-delà de l’arrêt sur image. La dimension de laboratoire, la dimension performative, parties prenantes du travail, se concrétisent notamment à travers la présence de Carbone, structure mobile composée de cannes aimantées, instables, pour se prêter aux mouvements de danseurs, d’étudiants ; à travers aussi les rendez-vous prévus avec des scientifiques, des enseignants, des artistes.
Depuis longtemps, Nicolas Floc’h a fait de la transposition une méthode qui prend ici une nouvelle ampleur : le dialogue de l’art avec un espace-temps quasi inconnu, un milieu marin encore largement inexploré et le futur des espèces, humaines et non humaines.