Guillaume Pinard

réalisé par Margaux Germain
juillet 2017

Entretien réalisé pour l'exposition :

Les retrouvailles 
Exposition au Musée des Beaux-Arts de Brest du 1er juillet au 26 novembre 2017. 
Commissariat : Guillaume Pinard.
Organisée en partenariat avec BASE, projet initié par Documents d’Artistes Bretagne et l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne.

Collection d'entretiens filmés du Réseau documents d'artistes
Production : Documents d'artistes Bretagne
Réalisation : Margaux Germain
Durée : 14 minutes

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Le musée des beaux-arts propose à Guillaume Pinard de s’approprier la collection du musée et d’imaginer un ensemble de combinaisons possibles entre des œuvres de la collection sorties des réserves, pour la plupart inédites ou rarement exposées, et la création contemporaine. 

À l’invitation de celui-ci, une dizaine d’artistes se prêtent au jeu de la réinterprétation pour faire de cette exposition un espace d’expérimentations originales. Avec des œuvres d’Henni AlftanAzadeh ArdalanVictor CalliatMaurice ChabasAnne-Sophie ConversSonia DelaunayHélène FargesVidya GastaldonGuillaume Guillon-LethièreJames Hamilton HayPaul LeroyFrançois LunvenPaul MatheyRené MénardMarie-Claire MitoutVera MolnárGuillaume PinardHenri RivièreAnne-Marie RognonElsa SahalJulia ScalbertUtagawa KuniyoshiCharlotte Vitaioli, ainsi qu’un ensemble d’ex-voto romains du 2e siècle avant J.-C.

Au coeur du musée, une brume recouvre l’outremer. 

Atmosphère de velours. 

Des corps assoupis, corps suants, corps errants, corps affairés à des tâches silencieuses engourdissent la fluidité du temps.

Et l’étendue des paysages, sidérée par ce rythme, se synchronise en chevauchant les siècles.

Selon la profondeur de champ - caprices de la focale - les formats se contractent, se dilatent, pulsent. 

On ne sait plus à quel infini livrer la perspective.

La couleur d’abord éteinte, enfouie sous les glacis, affleure doucement comme un essaim d’alevins. 

Émergeant des abysses, ce frai dessine alors en pellicule la clameur de ses tonalités, le dessin de ses tâches. 

Un mouvement délicat qui grise les karmas. 

Puis soudain, dans cette humeur flottante, une femme gicle au levant sur un cheval ardent.

Au sabre, pourfend la nuée. 

Et les organes des corps éventrés, matrice des motifs, chauffés à blanc par les rayons ; les organes sanglants, haut lieu des métastases, fleurissent par bouquets.

Pour un lichen qui colonise les plans, inonde les matières, habille le bois, le feutre, le plâtre, la céramique, couche les reliefs et nettoie les visages. 

Avant la nuit. 

Avant l’âtre. 

Avant les retrouvailles.


G.P. juin 2017