Benoit Laffiché

résidences à Djiguinoum et Sédhiou, Fleuve Casamance, Sénégal
novembre 2013

RÉSIDENCE D’ARTISTE

Benoît Laffiché, 2012-2013

L'action Nouveaux commanditaires permet à des citoyens confrontés à des enjeux de société ou de développement d’un territoire, d’associer des artistes contemporains à leurs préoccupations par le biais d’une commande. Son originalité repose sur une conjonction nouvelle entre trois acteurs privilégiés : l’artiste, le commanditaire et le médiateur culturel agréé par la Fondation de France, accompagnés des partenaires publics et privés réunis autour du projet.

En tant que médiatrice agréée de cette action, les membres de l’association Mouvement Diaspora Casamance, basée à Paris, m’ont contacté en 2011 avec le désir de passer commande d’une œuvre permettant de mieux faire connaître leur pays d’origine, la Casamance. Le but de l’association est de contribuer à une meilleure connaissance de ses spécificités, de sa culture, de son paysage, de son histoire et de sa population.

J’ai fait découvrir aux commanditaires1 l'oeuvre de Benoit Laffiché, notamment le travail qu’il a effectué avec des pêcheurs au large de Dakar et avec des ouvriers sur un chantier de démolition en Inde. Ces œuvres, et la sensibilité qui s’en dégage, ont retenu toute l’attention de la diaspora, qui a décidé de confier leur commande à cet artiste.

Depuis, Benoit Laffiché a effectué trois voyages en Casamance : d’abord deux déplacements de quelques semaines en 2012, puis un plus long, de quelques mois à l’automne 2013. Ces voyages lui ont permis de se familiariser avec la région, sa population et sa culture, et de définir le projet de film en corrélation avec la commande.

Mari Linnman, 3CA

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1. C'est à Djiguinoum, village d'un des commanditaires qu'a été tourné le film "Et la lumière fut" d'Otar Iosseliani.

Archive du corps de la paix, cinema Sédhiou, 1964



Extraits de la note d'intention : Le lion est un chat_2013

C’est au détour de la mémoire d’un film cinématographique

«Et la lumière fut» d’Otar Iosseliani et de la construction d’une embarcation

travelling pour enregistrer les méandres du fleuve Casamance que je tâcherai

d’enclencher un travail collaboratif autour de la fabrication d’un objet filmique.

Djiguinoum est le lieu de tournage d'un film du réalisateur géorgien Otar Iosseliani « Et la lumière fut »

prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 1989. Le film conte sur un mode quasi documentaire

la chronique d'un village africain menacé par la déforestation.

Photogrammes du film

Le film cinématographique d'Otar Iosseliani est un mythe dans le village de Djiguinoum mais un profond

sentiment de frustration domine les villageois. Leur collaboration à la réalisation du film, en tant qu'acteurs

ou techniciens n'a rien changé aux parcours de leurs vies.

Photographie de l'équipe de tournage du film d'Otar Iosseliani, conservée chez le chef de village de Djiguinoum.

Je les ai questionnés sur la singularité du regard d'Otar Iosseliani, je m'intéressais

à la capacité d'une oeuvre à modifier le regard des villageois sur leur propre réalité.

C'est ainsi que j'ai appris que seules quelques personnes avaient eu l'occasion de visionner

« Et la lumière fut ». C'est à partir de l'organisation de la projection publique du film « Et la lumière fut »,

que je tenterai d'enregistrer la mémoire neuve face à l'objet cinématographique d'Otar Iosseliani.

À Sédhiou, c'est l'expérience du fleuve, de la frontière naturelle que je tenterai d'enregistrer.

Photographies, novembre 2013
Photographies, novembre 2013
Photographies, novembre 2013

J'envisage « la construction » d'une embarcation travelling, une embarcation optimisée
pour filmer de longs travellings sur le fleuve.

Photographies, décembre 2013



Benoît Laffiché est né en 1970, il vit et travaille à Lillemer, Ille-et-Vilaine

 "Avec Benoît Laffiché, et instruits par la pensée de Edouard Glissant - une pensée du tremblement, qui n'essaye pas de formuler des idées définitives -, nous pouvons comprendre l'activité artistique comme une manière de fréquenter le monde. Une manière démultipliée, qui échappe aux genres pour produire des documents poétiques. Avec lui, et toujours en écoutant Edouard Glissant, nous pouvons comprendre que la Beauté est le réceptacle secret de toutes les différences."

Pascal Beausse, extrait du texte Déplier l'image, 2008