B.O.A.T.

Carnet de résidence
Résidences et projets flottants - L'École européenne supérieure d'art de Bretagne et la Criée, centre d'art contemporain - Rennes dans le cadre de sa saison "Fendre les Flots"
mai 2016
Vue du Grand Largue,
Baie de Lampaul, Île d'Ouessant, 2016.
© Nicolas Floc'h

Sorte d’annexe de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne (EESAB), B.O.A.T. ® (Boat Of Artistic Research Trip) est constitué de recherches artistiques et pédagogiques menées à bord d’un ancien chalutier baptisé Le grand largue. Pensé comme un atelier mobile ce navire participe à la révélation de nombreuses facettes de la Bretagne, dotée de ressources marines et littorales exceptionnelles. B.O.A.T. ® permet aux étudiants et aux créateurs invités d’envisager leur pratique dans une mise en mouvement transversale : art et sciences, art et économie maritime, design et énergies renouvelables. 

Depuis sa création, le navire de seize mètres basé à Saint-Malo vogue vers Saint-Nazaire, Lorient, Brest, etc. 

Dans le cadre de la saison Fendre les FlotsLa Criée s’est associée au projet en y invitant Marcel Dinahet et Nicolas Floc’h, eux mêmes accompagnés des jeunes artistes Gabriel Haberland et Leila Willis, de Claire Lagneau-Guetta et Paul Bienvault, étudiants de L'EESAB, ainsi que du dessinateur Morvandiau et de la curatrice Ann Stouvenel.
Cette résidence de recherche et création a été l’occasion pour Marcel Dinahet et Nicolas Floc’h – pour qui la mer est un sujet central et récurrent – de faire pour la première fois œuvre commune et de partager leurs expériences artistiques et maritimes, non seulement l’un avec l’autre, mais aussi avec de jeunes artistes et étudiants en art.

Tous se sont confrontés à l’esprit de découverte et de délocalisation de pratiques qui s’engagent sur un bateau en déplacement, mais également lors des étapes au gré des ports. Cette résidence embarquée, de par sa nature même, concentre à la fois des questionnements autour de la notion de déplacement, de géographie et temps mais aussi de transmission et de mise en commun.
La résidence a débuté à Saint-Malo pour aller à son port d’escale : l’île d’Ouessant, autour de laquelle les artistes ont rayonné. 

Les Résidences et projets flottants sont initiés par La Criée centre d’art contemporain et l’École européenne supérieure d’art de Bretagne, avec la participation de l’association Finis terrae.

Le projet B.O.A.T ® est à l’initiative de trois artistes enseignants de l’EESABNicolas Floc’h, Erwan Mével et Jocelyn Cottencin.
B.O.A.T ® s’inscrit dans le cadre du projet ICR qui a été sélectionné dans le cadre du programme européen de coopération transfrontalière INTERREG IV A France (Manche) - Angleterre, cofinancé par le FEDER. 

Le bateau est mis à la disposition de l’EESAB par Pierre-Yves Glorennec, responsable d’Avel-vor technologies.



Marcel DinahetJournal de bord, Juin 2016

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Nicolas Floc'h, Journal de bord, Juin 2016

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Œuvres en cours :



Marcel Dinahet, La Saint-Jean-Ouessant (extrait)
Marcel Dinahet, En face - Ouessant
Marcel Dinahet, Face Ouessant
Marcel Dinahet, La tour à feu & Créac'h (extrait)



Nicolas Floc'hForêts, plaines, grottes et montagnes

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Depuis longtemps j’observe les paysages sous-marins. Le projet des récifs artificiels m’a permis d’amorcer un travail photographique sous-marin. Mes recherches me mènent vers des études écosystémiques des espaces combinants de fait espaces construits et territoires naturels. Les récifs artificiels sont des architectures, des éléments construits pour être colonisés et devenir habitats. Les paysages marins et la masse d’eau représentent également des habitats flexibles, mouvants et reconfigurables. La photographie sous marine s’attache bien souvent à montrer le vivant animal mais peu les habitats naturels et la végétation qui composent les paysages sous-marins.



B.O.A.T ® un navire de recherche artistique de l'École européenne supérieure d'art de Bretagne

B.O.A.T ® un navire de recherche artistique de l'École européenne supérieure d'art de Bretagne

VIVRE ENSEMBLE

NICOLAS FLOC’H, pour B.O.A.T. - Février 2016.

Un espace clos, mobile. Un groupe de personnes vivant et travaillant ensemble durant une longue période. Un environnement instable, mouvant, se transformant, incontrôlable à l’image du monde.

Vivre sur un bateau est toujours une expérience forte où la responsabilité de chacun engage la communauté. Etre là, plus qu’ailleurs, implique de vivre l’instant, les instants, le jour et la nuit. Un bateau ne dort jamais, il bouge, il change, il accompagne le mouvement du monde.
Habiter un monde qui redéfinit ses frontières, une nature qui nous rappelle sa présence, sa puissance et notre incapacité à la maîtriser. S’adapter avec modestie et conscience, se penser comme faisant partie d’un écosystème, ensemble y habiter afin de l’éprouver et prendre la mesure des choses.

Cuisiner, là encore, mais chaque jour ailleurs. Prélever des ressources quand c’est possible, en fonction d’un lieu, d’une rencontre, d’un échange. Partager l’espace et le plaisir d’une table mais se rapprocher des milieux, de l’origine des choses. Le lien quotidien que nous entretenons avec la nature par le fait de se nourrir est un des vecteurs qui nous permet d’explorer les espaces, les modes de productions et leurs enjeux.

Être là, au contact, pour imaginer, penser, représenter. Tenter de s’approcher des réalités pour ne pas être hors du temps, hors de notre temps, hors de ce monde qui déjà nous échappe.

B.O.A.T est ce laboratoire pour une communauté faite d’hommes et de femmes qui veulent mieux comprendre les transformations du monde. Ici, étudiants, enseignants, artistes, scientifiques, architectes, anthropologues, cuisiniers, écologues, géographes, marins, composent cette communauté qui partage et interroge son environnement.

Comment habiterons-nous demain des espaces qui se redessinent ? Quelles architectures, quelles solutions et quels comportements ? Avec quelles énergies alimenterons-nous notre quotidien ? En quoi les océans sont-ils au coeur des enjeux et des transformations ? En quoi les zones côtières, habitées par plus de 50% des populations humaines concentrent-elles les pollutions et les diffusent-elles dans les océans ?
Ensemble nous impactons notre environnement localement et globalement et c’est ensemble que nous devons l’appréhender.

Quel repas partagerons-nous, quel milieu cultiverons-nous ? Quelle sera l’eau de demain et quelle vie permettra t-elle ? Il ne s’agit pas seulement de ce que l’on peut nommer des considérations écologiques mais de la réalité du monde et de la conscience de celui que nous avons construit. Il est urgent de vivre ensemble, de travailler ensemble, de regarder le monde ensemble pour pouvoir représenter et imaginer les possibles. Comment ensemble nous inventons demain et devons composer nos savoirs pour y parvenir !