Laura Molton
Né⋅e en 1993
Vit et travaille à Concots (Lot) et Cherbourg
Filmer des gestes, des lieux. Deviner que quelque chose se trame à couvert.
Ne pas savoir. Enquêter.
Apprendre en faisant et ainsi tenter de traverser l’épaisseur du réel.
Ce pourrait être le fil que tisse Laura Molton dans ses films où tous les sens sont sollicités pour déployer le récit d’une rencontre, d’un terrain, comme une quête éco-poétique.
Son cinéma est à la fois un art des mots communs, un éloge de la réalité et un espace pluriel, trouble et intense qui cherche à aller sous les images et les imaginaires.
Sans volonté de confrontation, son regard va, par touches et par fragments, explorer les surfaces et les profondeurs qui cachent un passé enfoui. Sa perception n’a pas besoin d’un manifeste pour révéler les pollutions invisibles. Rien de surplombant, juste une vision au ras du sol qui ancre le récit.
La sensation du danger affleure. Ça passe par le corps, les mains, le toucher, la peau, l’eau, la terre, la boue, la pluie, la mousse… Ça passe par le son, l’invisible, le hors champ.
Il s’agit pour Laura d’être avec, ni devant, ni derrière, de faire corps avec le film pour partager le moment de la découverte et ces savoirs situés.
Entre conte, contemplation et mémoire, les films de Laura Molton réinvestissent le réel d’une dimension réconciliée aux temps éloignés. Ils nous accordent au sensible et ouvrent un pouvoir d’agir dans le monde.
*Nous avons besoin d’histoires de justice qui élargissent notre pensée, d’histoires de relations aux lieux qui élargissent notre pensée.**
Martine Michard, octobre 2023
*Deborah Bird Rose in Vers des humanités écologiques, Wildproject 2019.
© Adagp, Paris