Jérémy Laffon
Né⋅e en 1978
Vit et travaille à Marseille
Quand il doit désigner ses assistants potentiels, Jérémy Laffon réalise une série (une collection) de photographies de personnes endormies. S'arrêtant sur leur inactivité on pourrait d'abord croire que l'artiste perçoit sa pratique (vidéo, sculpture, dessin...) avec une certaine forme de dilettantisme tranquille. Mais il faudrait également retenir dans cette représentation en creux de son activité artistique le contexte de ces siestes de plomb : l'espace public. Alors l'œuvre de Jérémy Laffon s'appréhenderait du point de vue de l'épuisement autant que de celui du repos.
D'un côté, les processus mis en place par l'artiste en appellent à ce qu'on pourrait prendre pour de l'oisiveté en s'appuyant souvent sur une économie d'actions et de moyens (faire goutter un robinet sur un savon, faire glisser des agrumes sur un tapis roulant, faire rebondir une balle de ping-pong sur une raquette). D'un autre côté, son œuvre tient aussi du stakhanovisme car il faut une certaine dose de persévérance pour sauter ou jeter toutes sortes d'objets jusqu'à l'épuisement (le tout pour des vidéos n'excédant jamais 5 minutes après montage).
C'est donc à l'exacte intersection entre la production fainéante et l'énergie démesurée que se situerait l'œuvre ouverte de Jérémy Laffon.