Jean-Marie Blanchet
Né⋅e en 1970
Vit et travaille à Villeneuve-sur-Lot
Un des traits les plus frappants des objets créés par Jean-Marie Blanchet est la duplicité de leur nature (tableau ou objet), objets concrets ou figuration d'une réalité plus générale. Cette duplicité est manifeste dans le mouvement de balancier permanent qui l'anime, passant du vrai au faux (ou du « vrai-faux », comme on dit pour les passeports, au faux vrai), dans un va-et-vient entre l'art, son histoire, ce qui en est sorti et ce qui y revient...
[...] Les couleurs primaires étaient pour l'art abstrait les « briques » élémentaires, la matière première de la peinture. Jean-Marie Blanchet prend ces « briques » dans les nuanciers des fabricants de peinture industrielle, au même titre qu'il sélectionne ses matériaux (que ce soit les supports de son travail ou ceux qu'il figure) parmi ceux dont l'usage est commun. Comme il l'explique lui-même : « l'abstraction fait partie du décor et n'importe quelle peinture abstraite fait office de déjà-vu. Dans cette situation il me semblait que partir du réel pouvait être une solution pour sortir du propos de l'invention formelle à laquelle se superpose une attention portée à la peinture et au geste comme moyen.
[...] C'est la raison pour laquelle la ligne de partage ne passe plus depuis longtemps entre la figuration et l'abstraction, mais entre deux attitudes artistiques : l'une qui consiste à faire comme si tout était toujours identique, immuable (« De Lascaux au grand Louvre », « d'Altamira à Jackson Pollock », dans la version extrémiste, et depuis la fin du XIXème siècle, dans la version progressiste) et l'autre, qui est la voie suivie par Jean-Marie Blanchet, et qui est une attitude plus éthique qu'esthétique – qui consiste à surmonter l'hypocrisie qui voudrait que l'on puisse faire comme si le monde n'avait pas changé depuis les avant-gardes, pour tenir compte de l'historicité du moment présent.
Texte (extrait) de Vincent Pécoil (extrait), 2015
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