Provence-Alpes-Côte-d'Azur

Gerlinde Frommherz

Né⋅e en 1965

Vit et travaille à Marseille

Toute chose a des propriétés stables, constantes qui permettent de la reconnaître. Une grandeur et une forme propre, objective. Toute chose a aussi une couleur, une dureté, une matière, un poids... C'est cette réalité physique qui intéresse Gerlinde Frommherz. Ses sculptures ne sont pas le résultat d'une transformation de la matière, mais d'une construction à partir de matériaux, préalablement transformés par l'homme. Une chose, c'est à dire le couple matière-forme, auquel on donne une finalité pour en faire un objet ou une fonctionnalité pour en faire un outil. Gerlinde Frommherz les introduit dans le champ de l'art, les prive de leur finalité et transforme l'outil en belle chose.
Un seau, une boîte, un cintre, un tiroir, des roulettes, un serre-joint, perd momentanément son identité pour devenir un simple élément purement plastique. Mais « La forme n'est pas une entité abstraite, elle est au contraire profondément mêlée à la vie et à ses phénomènes. » et c'est le regardeur qui redonne aux choses qu'utilise Gerlinde Frommherz, leur vie antérieure. Qu'il s'agisse de ses dessins ou de sa sculpture, (expansion de ses dessins dans l'espace), chaque élément constitutif s'ancre dans la concrétude de la construction, dans un espace physique tangible. L'artiste expérimente les principes élémentaires de cette construction qui régissent la sculpture d'assemblage, sans intervention chimique extérieure. Tout est sous nos yeux. Un genre de la sculpture qui rappelle l'art minimal, le constructivisme, mais pas seulement. Les sculptures de Gerlinde Frommherz usent d'un langage que le regardeur connaît. Ses oeuvres ouvrent sur un imaginaire ludique que convoquent les jeux d'assemblage de formes et d'objets appartenant à notre quotidien qui contraste avec la rigueur de ses constructions.[...]

Céline Ghisleri : La réalité des choses, 2012