Célie Falières
Né⋅e en 1987
Vit et travaille à Villefranche-de-Rouergue
Les titres de ses pièces empruntent aux sciences naturelles, à la littérature, à la culture populaire, à l’archéologie, à la mythologie ou à la géographie. Mais ce qui qualifie singulièrement le travail de Célie Falières c’est d’abord l’attention précise portée aux matériaux quels qu’ils soient, pauvres ou nobles, à leurs transformations, à leurs usages, à leurs extraction ...
L’artiste collecte des matières brutes minérales, végétales, animales, sonores et visuelles ; elle les contextualise, les archive et en explore les savoir-faire. « Connaitre n’est pas voir [...] mais agir »٭. Dans l’esprit du pragmatisme, elle fait l’expérience de l’étonnement des choses. Le non-savoir invite à l’expérimentation.
Qu’elle partage sa pratique enjouée de la céramique avec une boulangère, pousse les limites du verre soufflé au-delà de l’utile ou déconstruit les codes de la maroquinerie dans le travail du cuir, Célie Falières cherche la porosité entre les apprentissages, les pratiques, les objets et leurs usages. Elle accepte et assume les lacunes, espaces vacants nécessaires à la circulation d’un projet à l’autre. Avec une conscience ludique de l’ambiguïté entre art et artisanat, elle rassemble les fragments d’une œuvre qui se tisse à chaque geste acquis et toujours questionné.
Elle reprend à son compte les mots « Faire, c’est penser ». Ainsi, les objets s’ils existent en tant que tels, beaux et/ou utiles, sont de surcroît magnifiés lors de performances. Dansés, joués, ils s’inscrivent alors comme autant de nouveaux rituels offerts à l’élaboration d’un récit, d’un langage, où la mémoire du paysage (des ressources) et la présence du corps sont les arcanes incontournables.
Martine Michard, février 2024
٭John Dewey, L’art comme Experience - Art as Experience, New York, 1934