Camille Llobet
Né⋅e en 1982
Vit et travaille à Sallanches (Haute-Savoie)

2 vidéos FHD distinctes, 8'33 et 8'24
Performeuse sourde : Noha El Sadawy, chef d'orchestre : Philippe Béran



Photo : Romain Desgranges
« Chaque œuvre commence par une rencontre et un questionnement à expérimenter ensemble. J'imagine d'abord des dispositifs de tournage précis prenant le parti de l'expérience filmée et réalise ensuite des montages vidéos et sonores à la fois intuitifs et visant une radicalité formelle.
Deux interprètes essaient de transcrire, avec leur bouche, les premières minutes de la bande son du film « Il était une fois dans l'Ouest » de Sergio Leone (« Prosodie », 2013). Une caméra tente de suivre les mouvements involontaires des bouches de trois danseuses en train de s'échauffer (« Chorée », 2014). Une femme sourde entreprend de décrire en langue des signes ce qu'elle voit mais n'entend pas : la répétition d'un orchestre (« Voir ce qui est dit », 2016). Des sportifs de haut niveau procèdent à la répétition mentale de leur parcours lors d'un entraînement singulier dans le pilier d'un pont (« Faire la musique », 2017). Une soprano reproduit, dans sa voix d'adulte, les babils de ma fille (« Majelich », 2018). Neuf performeurs questionnent notre perception de l'image cinématographique par sa description en direct (« Sténoglossie », 2019). Des dessins, textes, partitions et performances poursuivent souvent les problématiques abordées dans les vidéos.
En 2020, j'ai initié un nouveau projet au long cours sur le milieu de haute montagne. J'éprouvais le besoin de déplacer mes protocoles de travail – jusqu'ici centrés sur l'oralité, le mouvement et la perception humaine – dans cet environnement complexe fait de roche, de glace et de neige et, aujourd'hui, en cours de disparition. Une transformation brutale due à l'accélération de la fonte des glaces et des écroulements rocheux qui situe un temps géologique au niveau de l'échelle d'une vie humaine. Cette recherche menée avec des guides de haute montagne et des géomorphologues donnera notamment lieu à un premier long métrage : un essai documentaire où la narration se fait autant par le bruit et le geste que la voix et l'image (« Pacheû », 2023, en production). »
Camille Llobet, 2022