Auvergne-Rhône-Alpes

Baptiste Croze

Né⋅e en 1985

Vit et travaille à Marseille

« Le travail de Baptiste Croze répond à des règles aux apparences simples, qui ne sauraient en réalité cacher la lente maturation de ses recherches. Bien entendu, on peut circonscrire sa démarche autour de quelques activités, par exemple : trier, chiner, collectionner et rassembler, puis : poncer, mouler, démouler, couper, photographier, et enfin : disposer, répandre, afficher, installer. Ceci étant dit, on ne peut pas décrire aussi simplement ce que fait l’artiste ; est-il photographe, sculpteur, plasticien ? Disons, à le voir travailler, qu'il y a là un certain plaisir à chercher des combinaisons. (…)

L'atelier avec Baptiste Croze prend toutes les dimensions qu'on souhaiterait qu'il ait : lieu d'expérimentations, d'accidents, de trouvailles, de surprises, faits d'une attention rigoureuse avec la part de naïveté nécessaire à tout processus artistique. Sa démarche le contraint à inventer ses outils, à apporter des solutions aux problèmes qu'il semble seul à se poser. Comment, par exemple, s'assurer de produire un contre-moulage réussi d'un buste de Marilyn Monroe ou d'Elvis Presley ? Comment ajuster au mieux la forme d'un applicateur de cire avec celle d'un pot d'eau ? Quelle est la meilleure tranche de tel ou tel objet polygonal ? Autant de questions strictement en lien avec les séries qu'il développe.

Les formes données est le titre de l'une de ses dernières séries. Ces étranges couples d'objets aussi fascinés mutuellement que tout semblait les opposer, rament à contre courant du mythe d'Aristophane et d'une androgynie supposée scindée en deux. Ces couples d'objets se retrouvent unis non pas parce qu'ils constitueraient l'évidente moitié de l'autre, mais au contraire parce qu'ils en sont en quelque sorte le miroir opposé. (…)

Dans la démarche de cet artiste, il est inutile de se référer à quoi que ce soit, si ce n'est à ce que l'on voit. Toutes ses initiatives plastiques engagent leur énergie en faveur de l'apparition d'images ou de sculptures qui semblent, par leur étrange harmonie, avoir toujours été telles qu'elles sont montrées et cela en vertu même des transformations dont elles ont fait l'objet. »

Extrait de Emboîter les trouvés, Martial Déflacieux, 2016