Actualités des artistes
Marine Lanier, L’Herbier #2, série Le Jardin d'Hannibal, 2023
© Marine Lanier

Le Jardin d'Hannibal

Exposition individuelle
Le Jardin d'Été, Arles
du 01/07/2024 au 29/09/2024

Situé face aux glaciers de la Meije, le jardin du Lautaret, perché à 2 100 mètres, est le jardin d’altitude le plus haut d’Europe. Il représente un conservatoire unique de la diversité de la flore alpine, classé par continent, tel qu’on l’observe sur l’ensemble des hautes montagnes de la planète : Alpes, montagnes rocheuses, Caucase, Himalaya, Japon, Arctique, Andes, Patagonie, montagnes d’Afrique.

J’y ai séjourné en compagnie de chercheurs, scientifiques, botanistes et jardiniers. Le soir, on racontait parfois l’épopée d’Hannibal, qui serait passé par le col au cours de sa traversée des Alpes. Les visions antiques de ce voyage se mêlaient aux plans films que je réalisais du jardin, une sorte de vision fantasmagorique et lunaire de notre futur. Hannibal s’insurgeait contre la domination de Rome. Il m’est apparu que ce « jardin-laboratoire » était à l’image du combat d’Hannibal : un bastion de résistance de notre monde contemporain face au changement climatique. Depuis le XIXe siècle, étudiants et scientifiques viennent analyser la biodiversité remarquable du col du Lautaret, se consacrer à l’entretien des collections, comprendre les plantes qui survivent dans ce milieu hostile. Une tradition d’échange de graines entre botanistes du monde entier existe depuis deux cents ans pour enrichir le jardin et ceux d’autres contrées, dans la volonté de préserver la mémoire vive de nos espèces et de notre évolution.

Au col du Lautaret, on pratique une recherche pointue sur l’écosystème qui nous entoure. Comprendre comment celui-ci va se comporter au milieu de ce que l’on appelle les changements globaux. Dans ce cadre est menée une expérience singulière appelée « alpage volant ». Ainsi, huit tonnes d’alpage sont transplantées par hélicoptère, en aval, pour étudier l’écart de trois degrés et son impact climatique sur les plantes ; la conclusion de l’expérience est attendue pour 2025. Les chercheurs pourront alors imaginer le nouveau paysage des Alpes – et par voie de conséquence, celui du reste du vivant.

Marine Lanier