Collection n°15
Interior and the collectors a demandé à l’artiste Le Gentil Garçon de réactiver son dispositif de musée miniature (MUMI), produit par Le voyage à Nantes pour l’exposition de l’artiste au palais Dobré en 2016. Installé dans une des chambres de la maison, cette œuvre est à mi-chemin entre un cabinet de curiosité et une maquette d’architecture d’inspiration moderniste. Des décalages par changement d’échelle et de contexte permettent une tout autre perception des œuvres, le regard des visiteur-e-s pouvant varier de la vision omnisciente d’une caméra de vidéosurveillance à celle minuscule d’une souris se promenant dans les espaces.
Dans le contexte de la maison qui le contient, ce projet fait aussi référence à l’origine des maisons de poupée en Europe au XVIème siècle qui n’étaient pas destinées aux enfants mais aux adultes, principalement à l’élite bourgeoise. Appelées « cabinets de maison », elles servaient de vitrines pour exhiber le statut social et la richesse de leurs propriétaires. Ces premières maisons n’étaient pas des jouets et avaient davantage une fonction éducative, notamment à destination des jeunes filles de la noblesse pour apprendre à organiser un foyer et entretenir un sens esthétique conforme aux standards de l’époque. Au XIXème, chaque maison devient une fenêtre vers une époque où les enfants pouvaient recréer des scènes de la vie quotidienne, explorer des rôles sociaux ou s’évader dans des mondes imaginaires.
Le musée MUMI n’a pas ce rôle social mais l’art de la miniature permet un plaisir de projection dans un univers qui fascine par son aspect minuscule. C’est une façon de jouer avec les dispositifs de présentation et tous les codes muséaux. C’est aussi un système de boîte dans une boîte qui permet de contenir un musée de 3000m2 dans une chambre. Cette opération de mise en espace permet un glissement des repères, chaque œuvre change de statut. Les œuvres présentées ne tiennent compte d’aucune logique temporelle ou spatiale ce qui permet de tisser des liens moins évidents et un questionnement plus irrationnel. Le choix des artistes et des œuvres s’est fait au gré des rencontres avec les artistes, marchands d’art ou collectionneurs. À travers un regard éthéré, chacun peut faire l’expérience d’un cheminement plus personnel, d’une statuette précolombienne à des artistes contemporains en passant par des gravures de Rembrandt ou encore une statuette vaudou. Dans cette exposition, de nombreuses œuvres font référence au corps, comme représentation jusque dans sa chair mais aussi en l’impliquant dans un rituel ou une croyance, par sa présence ou son absence. Cette direction vers l’étrangeté et une dimension plus mystique ressort d’autant plus en contraste avec l’esthétique moderniste du musée.
Artistes présentés : MICHEL DE BROIN / HR GIGER / LINA LAPELYTĖ / ROBIN LEFORESTIER / LE GENTIL GARÇON / CÉLIA HAY / ELLA MIEVOVSKY / CATHERINE MULLIGAN / REMBRANDT / EVELYNE RICORD / SYBILLE RUPPERT / FABIEN VILLON / BANKS VIOLETTE