Silva
Silva est un projet de film qui ambitionne de dresser le portrait subjectif d’un paysage grâce à la rencontre et à l’agencement de trois regards portés sur la forêt : celui d’un chasseur à l’arc, celui d’un laboratoire scientifique automatisé, et celui de trois musiciens jouant au fond des bois. La forêt, cet espace à la fois subtil et complexe est ainsi vue comme un univers naturel et vivant, dans sa relation avec la science et la technologie et enfin comme un espace de création artistique et musicale.
Note d'intention et recherches, Pierre Malphettes, 2015
Je m’intéresse depuis plusieurs années à la question du paysage, aux éléments qui le composent, à la relation que l’homme entretient avec la nature, ainsi qu’à l’interaction entre les univers naturel et industriel. Durant toutes ces années, j’ai réfléchi à la manière d’aborder la forêt, cet élément du paysage qui en est également un en lui-même. À travers ces recherches, je m’intéresse aux questions de l’espace et de la matière.
Or, la forêt est une entité qui regroupe en elle-même nombre de ces questions. C’est un lieu mystérieux. Elle est visible et invisible à la fois, il est impossible de la saisir dans son ensemble, on ne peut que la parcourir. C’est autant un lieu de perte qu’un refuge, d’une incroyable complexité et diversité, c’est un système complet, à la fois naturel et sauvage bien-sûr, mais aussi industrialisé, car construit, géré et exploité par l’homme. C’est un monde complexe, contradictoire, un espace intérieur aussi bien qu’un espace extérieur, à très forte portée symbolique et artistique, qui appelle une approche tout aussi complexe.
Et c’est aussi un univers qui résiste, au sens propre comme au figuré. Elle résiste depuis des millions d’années pour exister, mais elle résiste aussi à la compréhension et à la raison, c’est pour cela qu’elle a généré tant de légendes, de mythes, d’histoires écrites ou filmées, tant d’œuvres d’art.
Dans Silva, trois regards sont posés sur cette forêt. Trois regards appartenant à trois univers différents qui coexistent et nous livrent trois façons de la percevoir. C’est leur agencement, leur présence commune dans cette forêt qui permet de produire du sens et de former le portrait complexe d’un paysage. C’est leur réunion dans le film en tant qu’éléments de même valeur qui crée la richesse, l’étrangeté et la poésie du film, un film fait de sensations et de perceptions.
Réalisation
Silva est un objet artistique autant cinématographique que plastique. Ce n’est pas une histoire, mais une plongée sensorielle dans un espace, portée par un langage visuel propre à rendre compte de ces sensations. Ici, la forêt est habitée par quelques interventions plastiques qui amènent une certaine étrangeté au monde filmé. Le laboratoire est en lui-même une grande installation, il est filmé de nuit avec des lumières artificielles. A un autre moment, nous croisons un rocher suspendu en l’air entre quatre arbres. D’autres interventions beaucoup plus légères jalonnent également le film.
La forêt est filmée comme un microcosme et comme un macrocosme. De longs travellings descriptifs ponctuent le film, scrutant tant la matière dans ses détails les plus infimes que l’espace de la forêt dans son immensité.
Les mouvements de caméra reviennent dans le film comme des figures récurrentes pour introduire les trois entités qui habitent la forêt. Par ailleurs, des panoramiques à 360° reviennent régulièrement dans le film pour nous immerger dans l’espace-temps de la forêt.
Le chasseur, le laboratoire et le groupe de musiciens sont abordés de la même manière afin de ne pas hiérarchiser l’importance de chacun.
A ses mouvements contemplatifs, calés sur le pouls de la forêt, répondent des moments de montage plus cut, notamment sur le chasseur qui est saisi de manière très proche, en gros plans et très gros plans, sur son visage et son corps. Dans ses déplacements, nous sommes au plus près de lui, nous le percevons lui aussi comme un microcosme, il s’inscrit aussi dans l’environnement de la forêt à travers des plans larges dans lesquels il se fond et se confond avec la forêt.
Le son et la musique occupent une place importante. Elle est composée par le groupe Bader motor, qui apparaît à l’écran dans la séquence du live. Ils jouent une musique dure, entre électronique et rock aux teintes psychédéliques. Certaines parties de la bande son seront mélodiques, d’autres plus atmosphériques. Ces compositions sont accompagnées et complétées par le travail du preneur de son et designer sonore Julien Hô Kim. Le son du film donne une teinte parfois sombre à l’ambiance qui se dégage des images.
Ainsi, ce film est à la fois contemplatif et tendu, il trouve son rythme dans les sensations qui se dégagent des espaces, des formes plastiques et des corps. Son climax est développé comme l’apogée d’un crescendo sensoriel.
Synopsis :
Silva est une immersion dans la forêt, ce lieu mystérieux, visible et invisible à la fois. Insaisissable dans son ensemble, on ne peut que la parcourir, s’y perdre ou s’y réfugier.
Il s’organise autour de trois approches, trois façons de la vivre et de l’observer :
A travers un chasseur à l’arc traquant une proie, nous voyons la forêt comme un univers naturel et vivant. Ce personnage est un être perceptif, le film va nous communiquer ses sensations.
Puis, filmé de nuit, nous découvrons un laboratoire scientifique automatisé qui mène une recherche sur les plantes et l’écosystème. Enfin, des musiciens jouent en live, dans les bois, la bande-son du film et vivent une expérience artistique et musicale.
C’est de l’agencement de ces trois regards, qu’émerge le portrait complexe et subjectif d’un paysage.
Silva, un corpus d’œuvres
Ce projet dans sa globalité est composé d’un corpus d’œuvres dont le film forme le cœur :
I. Film
Silva, 40min, 2016
Un film de Pierre Malphettes
Pierre Malphettes : Auteur, réalisateur, producteur
Julien Sallé : Co-réalisateur, cadreur
Julien Hô-Kim : Prise de son, montage son, création sonore
Julien Viniane : Comédien
Arnaud Maguet (Bader motor) : Musicien
Frédéric Bigot (Bader motor) : Musicien
Vincent Epplay (Bader motor) : Musicien
Elodie Broilliard : Montage
Julien Daniel : Etalonnage
Christophe Grémiot : Mixage
Ronan Leroy : Directeur de production, régie
Eddy Godeberge : Constructeur décor, machino
Frédéric Chartiot : Lumière, Assistant régie et technique
Guillaume Stagnaro : Robotitien
Clémentine Rau : Costume
Norman Nédélec : Stagiaire
Partenaires financiers :
Mécènes du sud
Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques
DRAC PACA
Ville de Laval
II. Photographies
III. Dessins