Meet-up

Initié par Documents d'artistes Provence-Alpes-Côte d’Azur, Meet-Up est une programmation annuelle de visites d’ateliers portée aujourd'hui aussi à l'échelle du Réseau documents d’artistes et organisée par l’ensemble des Documents d’artistes à l’adresse de professionnel·le·s français·e·s et étranger·ère·s. Ces voyages de prospection sont conçus pour privilégier les échanges professionnels et favoriser la connaissance du travail des artistes ainsi que la découverte des scènes artistiques territoriales.

Cette session inter-régionale, entre Marseille, Sète et Montpellier du 20 au 23 janvier 2025, est organisée par Documents d’artistes Occitanie et Documents d’artistes Paca, avec le soutien du Réseau documents d’artistes.

Documents d'artistes Provence-Alpes-Côte d’Azur

Lancée en 2000, documentsdartistes.org est la première plateforme éditoriale Documents d'artistes. Elle met en visibilité les artistes de la région Paca et crée de la documentation autour de leur pratique, en collaboration avec elleux. L'association Documents d'artistes Paca développe diverses actions visant à mettre en relation les artistes qu'elle accompagne avec les réseaux professionnels de diffusion de l'art contemporain. L'équipe accompagne aujourd'hui plus de 300 artistes.

Documents d’artistes Occitanie

Documents d'artistes Occitanie documente le travail des artistes plasticien·nes basé·es dans la région Occitanie. Les dossiers, réalisés avec les artistes, sont édités sous forme numérique et publiés sur le site ddaoccitanie.org lancé en 2022. L’association développe différentes actions autour du fonds documentaire en ligne : commande de textes critiques, réalisation d’entretiens sonores, visites d’ateliers et mise en relation avec des commissaires d’expositions et des diffuseurs.
L'équipe accompagne aujourd'hui 50 artistes.

Programme



Lundi 20 janvier, Marseille

JIMMY RICHER

Né en 1989
Vit et travaille à Montpellier
richer.jimmy@hotmail.fr

Le travail de Jimmy Richer embrasse le dessin sous toutes ses formes: sur papier, en fresque ou installation, par l’édition et, plus récemment, par le tatouage et la performance. Ses projets s’articulent en allers-retours entre les différents supports du dessin, sans qu’aucune hiérarchie soit établie entre eux.
Cette horizontalité habite également son univers, où les références à la culture antique côtoient les récits de science-fiction, l’iconographie médiévale dialogue avec la bande-dessinée et l’imaginaire naturaliste du XVIIème siècle jouxte les représentations de tarots anciens. Jimmy Richer manie ces références avec fluidité, grâce aux associations d’idées et aux correspondances rocambolesques, et les restitue sous forme d’interventions foisonnantes, à l’échelle des lieux où il travaille et en résonance avec les contextes où il se glisse en visiteur furtif.
Dans son processus de travail, la recherche et l’observation constituent une base solide de départ, à laquelle l’artiste se livre en glanant les histoires les plus curieuses, souvent plus proches de la fiction que de la réalité historique, avec une exubérance narrative à laquelle la prolifération opulente de son dessin fait parfaitement écho.

Sitôt que sonne votre obole, du feu brûlant l’âme s’envole, 2016, feutre noir, encres, médium, photo Pierre Schwartz

JEAN-BAPTISTE JANISSET

Né en 1990
Vit et travaille à Marseille
jeanbaptistejanisset@gmail.com

C'est le regard tourné vers l'histoire post-coloniale que Jean-Baptiste Janisset développe son travail artistique. Dans les villes d'Europe ou d'Afrique (Sénégal, Algérie, Gabon, Bénin...), il arpente la carte à la recherche de « Témoins » d'événements passés. Représentations sculpturales ou animales gravées dans la pierre, taillées dans le bois, blasons, armoiries, statues, il recense dans l'espace public un ensemble d' « objets » qui lui semblent rendre compte à différents endroits (politiques, religieux...) des mouvements d'une société. À l'issu de ce repérage, Jean-Baptiste Janisset réalise directement sur ces représentations des empreintes. Ces « Révélations » constituent un moment d'enchantement, un rituel qui transcende et transfigure l'objet moulé. Les moulages deviennent ensuite des éléments de sculptures ou d'installations. Pour l'artiste, ces « Stigmates » relèvent de l'acte de création au même titre que la recherche de « témoins » ou que le rituel de « révélation ». Dès lors, sa pratique tient autant de la sculpture que de la performance, ainsi que de la rencontre.

Des vie dans une vie, Scroll Galerie, Nantes 2025

DALILA MAHDJOUB

Née en 1969
Vit et travaille à Marseille
dalilamahdjoub@free.fr

Pour Dalila Mahdjoub, l'art est un lieu de militance. Son territoire d'action se situe à la croisée de la recherche historique et sociologique en s'appuyant autant sur la relecture d'archives que sur le récit d'expériences familiales. Son œuvre, dont les formes sont ouvertes (du document, au témoignage, en passant par le dessin, l'animation ou l'édition...) s'attache à l'indignité de la gestion administrative des vies. Elle travaille à (re)mettre en visibilité ce qui est recouvert par le voile du politique, du non-dit ou du non-pensé. Dès lors, l'héritage colonial de la France est au cœur de ses recherches. Et c'est un travail de mémoire qui s'élabore tant à l'endroit des « travailleurs d’Outre-mer » (dont elle sauve et préserve les archives) qu'à celui de son père ouvrier chez Peugeot. Dalila Mahdjoub interroge les discours dominants de l'histoire autant que ceux des médias qui s'attaquent à la « question des banlieues ». Son œuvre est le territoire d'une recherche engagée, elle est une voix qui porte pour les autres contre les systèmes d'effacement, contre les mépris.

Vue de l'exposition Ils ont fait de nous du cinéma, La compagnie, Marseille, 2024



Mardi 21 janvier, Marseille

BEN SAINT-MAXENT

Né en 1989
Vit et travaille à Marseille
ben.saintmaxent@gmail.com

Le travail de Ben Saint-Maxent est d'abord la manifestation sensible d'un rapport au monde. Au-delà des techniques ou des médiums utilisés, ce qui semble rassembler l'ensemble de cette œuvre, c'est son extrême connexion à son époque, sa conscience de l'effondrement en cours et son désir aussi vital que désespéré de se saisir de ce qui reste de la beauté. Dans les production de Ben Saint-Maxent, le poétique investit le politique et se donne à lire comme une résistance à la standardisation des vies et à la mondialisation des désirs. Ses installations, ses textes, ses vidéos, sont empreints de fragilité et de détermination, de précarité et d'émerveillement, ils disent la tentative toujours renouvelée de sortir de la sidération pour se saisir à corps perdu de ce qui fait la vie. Dans cette œuvre effervescente, il est alors question de la solitude et des partages, d'introspection et de voyages, de fêtes en forêt, de capsules de protoxyde d'azote, des fleurs sauvages et du chant des oiseaux avant l'orage.

SLEEP WELL ACTII, 2023
Dimensions variables, texte, fleurs, bidons d'essence
Vues de l'exposition collective Les fusées redescendent-elles sur Terre ?, Lieu Commun, Annecy, 2023
Crédit photos Raphaëlle Detheve

PRUNE PHI

Né en 1991
Vit et travaille à Marseille
prunephi@gmail.com

Prune Phi réalise un travail d’installation fait de photographies, collages, sculptures, documents collectés, sons, textes ou vidéos. Elle y interroge les notions d’oubli, de transformation ainsi que les mécanismes de transmission au sein des familles et des communautés vietnamiennes et leurs diasporas. Elle s’intéresse à ce qui persiste, ou au contraire, se dilue d’une génération à l’autre, aux défaillances de la mémoire et à la dimension fictionnelle nécessaire pour combler les manques. Elle interroge notre rapport aux rituels et aux traditions liés aux nouvelles technologies ainsi qu’aux systèmes de communication permettant de conserver un lien avec celleux devenu.e.s invisibles. Prune Phi tente de révéler, par ces différents travaux, les marques mnésiques qui participent à la construction et l’invention de chacun.

APPEL MANQUÉ, 2018
Photographie, collages.
L'Origine Manquante, Toulouse, France

BADR EL HAMMAMI

Né en 1979
Vit et travaille à Marseille
elhammami.badr@gmail.com

Il est souvent question d'altérité dans la production artistique de Badr El Hammami, de négociation, de co-construction et d'échange. Dans de nombreux projets, sa pratique s'envisage in situ dans la relation qu'il peut mettre en place avec les personnes qui l'entourent. Ainsi, qu'il collabore avec des vendeurs ambulants (Côte à côte), des enfants d'école primaire (Jeux d'enfants), ou d'autres artistes (Offre spéciale), il s'attache à créer des formes qui répondent aux contextes de réalisation dans lesquels elles s'inscrivent.
Dans ses œuvres, les notions de déplacement, de migration, de frontière et de politique traversent des problématiques plus personnelles liées à la mémoire et à la famille. Badr El Hammami travaille sur cet enchevêtrement qui lie la petite et la grande histoire. A travers des gestes simples (peindre et bruler des cartes postales, scinder un jeu d'échec par un mur, ...) ou des réalisations plus complexes se construisant dans la durée (l'étude de correspondances par K7 audio entre la France et le Maghreb), il élabore une œuvre dans laquelle la circulation de la parole apparait comme une nécessité vitale.

— Rencontre à la La Friche La Belle de Mai, dans son exposition personnelle Entre nos mains

Entre nos mains, Exposition personnelle de Badr El Hammami
Commissariat : Fanny Lambert
Une proposition de la Galerie de Tous les possibles, Friche La Belle de Mai

KATRIN STRÖBEL

Née en 1975
Vit et travaille à Marseille, Stuttgart et Rabat
studio@katrin-stroebel.de

Le travail de Katrin Ströbel est essentiellement centré autour du dessin, associé à des travaux autour de la vidéo, de la photo et d' installations. L'artiste allemande conçois le dessin comme un média ouvert ; un media toujours à la recherche de liens, de connexions – avec la peinture, l'écriture, la vidéo, la musique, le mouvement et l'espace. Ses travaux reflètent les conditions urbaines, historiques, ou socio-politiques des environnements dans lesquels ils s'inscrivent. A partir de l'observation de situations quotidiennes, du regard posé sur des scènes urbaines concrètes ou des structures sociales, ses dessins, vidéos et installations – tout particulièrement ceux réalisés dans le cadre de travaux de longue haleine dans des contextes très divers se font souvent le reflet de questions culturelles, genres, sociales et geo-politiques.
En 2012, elle a crée "Linienscharen", plate-forme de promotion du dessin contemporain en Allemagne. Cette plate-forme a tout d'abord pour vocation d'être un forum pour les dessinateurs et dessinatrices, mais elle est également, un lieu d'échange et de rencontre international grâce à l'organisation de conférences, discussions et présentations avec des invités issus de différents horizons.

Body politics III (investigation), 2016
Dessin, collage

MOHAMMED LAOULI

Né en 1972
Vit et travaille à Marseille
laouli.m@gmail.com

Selon les propres mots de l‘artiste, le travail de Mohammed Laouli est le point de départ d‘une analyse endogène en décomposant en éléments le monde autour de lui afin de déboucher sur une dissection totale, un état des lieux. Il explore les phénomènes qui traversent, difforment ou marquent la société. Alors que son processus de pensée comprend un élément d'engagement politique, l‘approche de Laouli est non-discursive. Il n‘a pas la prétention d‘être un conseiller, un professeur ou un politicien. Il cherche simplement à explorer sa vision et sa conscience, d‘instant en instant, parcourant les rues, les structures et les friches.
En même temps, son approche comprend une deuxième perspective: une réflexion critique sur les systèmes de pouvoir qui l'entourent: des systèmes politiques, culturels et économiques, et particulierèment les relations postcoloniales.

Les Sculptures n'étaient pas blanches, 2020
Capture d'écran
Vidéo, durée 15 m



Mercredi 22 janvier, Sète

JEAN DENANT

Né en 1979
Vit et travaille à Sète
jeandenantstudio@gmail.com

En équilibre entre révélation et destruction, entre solidité et fragilité, le travail de Jean Denant convoque l’architecture, dans son geste premier qui consiste à construire des lieux (et donc à modeler le monde dans lequel nous vivons), et, par là, le paysage contemporain.
Ses oeuvres, ni peintures ni sculptures, issues d’un travail qui engage le corps et rappelle le geste ouvrier, s’appuient sur une relation forte à la matière, gravée, découpée, manipulée, martelée. L’architecture n’est jamais théorisée, évoquée en tant que forme, mais plutôt dans sa matérialité concrète, celle des nombreux chantiers que l’artiste sillonne dans sa ville natale, Sète.
De ce fait, le vocabulaire adopté relève du monde du bâtiment (placoplâtre, inox poli, contreplaqué, débris de chantier…) et trouve une correspondance immédiate dans les sujets de ses dessins et peintures: chantiers urbains, bâtiments en construction, plans architecturaux.

À voix basse, 2023
inox poli miroir, 300 cm x 685 cm, commande publique, Mates Basses, Faugères

MARION MOUNIC

Née en 1992
Vit et travaille à Sète
mounic.marion@gmail.com

Marion Mounic travaille par métonymie à partir des expériences et des espaces du quotidien en sollicitant, par le biais de l’installation et de la performance, la perception que nous pouvons, en tant que spectateurs, en avoir. Reproduits à travers matériaux et techniques diverses (de la porcelaine à la photographie numérique, du tube fluorescent au cyanotype) ou adoptés en tant que tels, les objets ordinaires (cocottes minute, parasols, parpaings, sacs, enseignes…) jalonnent son travail. Comme des ready-made modifiés et éphémères, l’artiste les prélève de leur contexte prosaïque pour les investir d’une subtile et mélancolique poésie du quotidien.
En filigrane, c’est l’histoire des femmes, de leurs espaces et résistances, que Marion Mounic dessine à partir de ses expériences personnelles, et notamment de ses souvenirs familiaux, ainsi que des séjours qu’elle a pu effectuer au Maroc, à l’occasion de résidences artistiques.
Telle une ethnologue, elle y a mené un travail d’observation - presque d’enquête, en se laissant imprégner du regard autrui. Ainsi, elle nous entraîne dans une expérience immédiate de l’altérité, entre révélation et disparition, à l’instar du travail perpétuel de la mémoire.

Capri Seum, 2024
En collaboration avec Jules Ribis
Cocotte-minute, gaz, flexibles, cuivre, marmite aluminium, bidons plastique, Capri-sun fermenté
Vue de l’exposition Sourde Résistance, dans le cadre du festival Sète-Lisbonne, 2024.

HAZEL ANN WATLING

Née en 1984
Vit et travaille à Marseille
watlinghazelann@gmail.com

Hazel Ann Watling envisage la peinture avec une liberté qui lui permet de s'aventurer sur de multiples territoires. Sur châssis, toile libre, textile, volume, papier ou bois... elle travaille son médium en laissant toujours ouvert le champ de l'expérimentation. En résulte une œuvre vivante qui déborde et s'exprime en énergie. Le régime des images est le principal territoire de ses expériences picturales, il se donne à voir notamment à travers le choix de photographies sources que l'artiste récolte quotidiennement et qu'elle compile sans hiérarchie. Dans son iconothèque, les reproductions des tableaux des grands maîtres se confrontent aux images numériques déversées sur les réseaux sociaux, elles se mêlent et s'activent en réaction. D'Instagram à l'histoire de l'art (ou même au quotidien de l'artiste), dès qu'elles sont repérées et archivées, les images entrent dans le registre de la peinture. Elles deviennent des éléments qui peuvent servir les œuvres, des couleurs, des textures, des compositions, des rythmes... Hazel Ann Watling travaille par extraction, se faisant elle propose une œuvre fluide qui s'attache à rendre compte d'un regard définitivement inscrit dans son temps.

Vues de l'exposition collective ça tombe bien, 3e édition, Cimetière Marin, Sète, 2024
Avec Philippe Artaud, Atsuko Barouh, Karine Barrandon, Gilles Bingisser, Eva Galtier, Christy Puertolas, et Hazel Ann Watling, avec lectures de poèmes.
Photo crédit Christy Puertola

SUZY LELIÈVRE

Née en 1981
Vit et travaille à Sète
suzylelievre@gmail.com

Les sculptures de Suzy Lelièvre dessinent dans les espaces où elles sont placées - paysages routiers ou urbains, forêts - des entités parasites, des brouillages de sens, des signes singuliers, humoristiques et poétiques qui capitalisent le regard. La notion de perception, qui est au cœur de sa pratique, doit être entendue comme un processus de réalisation et par là-même de révélation progressive. Parcourir plusieurs années du travail de recherche de Suzy Lelièvre donne à voir cette capacité à mettre en relation, à opposer ou à extraire, dans un environnement, ce qui en matière de surfaces et de lignes, le fonde, met à jour une géométrie structurelle et structurante. Toute forme nécessite une approche méthodique voire naturaliste dans le sens où toute recherche passe par l’observation, la mise en concordance, le recensement et enfin la consignation de conclusions. Suzy Lelièvre procède dans une tradition qui est tout autant scientifique que philosophique.

(Extrait de l’entretien avec Valerie Toubas et Daniel Guionnet, mars 2022, pour la revue point contemporain #24)

ESCALE 2022,
aluminium et mur peint, 1m 25 X 1m 25 x 75 cm.
Œuvre pérenne au Lycée Jacques Ruffié, Limoux.
Production Frac Occitanie Montpellier. Fabrication Lenaick Predon.

SYLVAIN FRAYSSE

Né en 1981
Vit et travaille à Sète
sylvainfraysse.contact@gmail.com

Qu’il soit à travers le dessin, l'installation ou la gravure, le travail de Sylvain Fraysse est traversé par une réflexion autour de la notion du temps : le temps dans la durée, expérimenté dans le travail répétitif, minutieux, presque fastidieux, de la gravure, et le temps immédiat, frénétique, de l’image médiatique, d’où il puise son inspiration (internet, presse, cinéma et réseaux sociaux).
La production presque ouvrière de ses images, obtenues tout d’abord en observant et en dessinant, puis par la répétition des gestes de taille, de grattage, de frottage, s’oppose, de par son procédé de création même, à la fluidité (et à la désincarnation) de l’image contemporaine. Comme l’écrit la critique Mary Baldo, « Cette lutte contre la matière est déjà une façon d’être au monde, sinon pessimiste, sûrement furieuse ».
Cette approche au monde et à la contemporanéité se nourrit largement de la culture vernaculaire et des médias, filtrée à travers le prisme de l’esthétique du rock indépendant, du skate, de l'adolescence et des motifs de la mort, du rituel, du sacré, de l’érotisme, voire de la pornographie.
Dans cet univers, parcouru en zapping ou en scroll, Sylvain Fraysse opère par extraction et par arrêt sur image. Cette suspension forcée nous pousse à prêter attention à ce qui se cache derrière ces images, à leurs latences, à leurs récurrences, mais également - et surtout - à leur vocation à se dissoudre et à disparaître dans le flux médiatique

Camille, 2023
installation, gélatines, hauts-parleurs, son, craie sur tableau noir, vue de l’exposition à la Faculté de Médecine de Montpellier, photo Cedrick Eymenier



Jeudi 24 janvier, Montpellier

GEOFFREY BADEL

Né en 1994
Vit et travaille à Montpellier
geoffrey.badel@gmail.com

Dans The Weird and the Eerie (2016), un essai publié peu avant son décès prématuré, le théoricien britannique Mark Fisher argumente le weird (bizarre) et le eerie (étrange, troublant, perturbant) comme deux concepts, souvent étroitement lié dans l’imaginaire populaire à l’horreur, nous permettant d’interpréter le réel par le biais du fantastique et du surnaturel. Au croisement du dessin, de la sculpture, de l’installation, du rituel et de la performance, la pratique de Geoffrey Badel, quant à elle, est pleinement préoccupée par ces (para-)mondes autres et invisibles, propulsée par deux passions et champs de recherche de longue date, à savoir la magie et la culture sourde. Une danse en permanence qui vise à donner forme à ce qui doit nécessairement rester hors champ du visible ou de l’audible.

(extrait du texte de Anya Harrison, curatrice et autrice, publié dans le catalogue de la 67ème édition du Salon de Montrouge, 2023)

Solastalgia, dessin au graphite sur papier ancien javellisé et cristallisé, 43,5 x 30,5 cm, 2022

CELIA PICARD & HANNES SCHRECKENSBERGER

Né·es en 1978 et 1982
Vivent et travaillent à Montpellier
contact@picard-schreckensberger.net

Dans leur travail de volume et installation, Celia Picard et Hannes Schreckensberger réussissent le pari d’articuler des interrogations liées au champ de l’architecture, d’où ils sont tous les deux issus de par leur formation, à celles de l’art contemporain. Nourries par une subtile association de références au modernisme et à ses utopies, ainsi qu’aux formes vernaculaires de l’artisanat (d’ici et d’ailleurs) et à la technologie féconde du « tout numérique », leurs travaux invitent à réfléchir aux usages et aux rituels induits par nos contextes de vie et par les objets qui nous entourent. De là, le travail d’investigation s’ouvre aux mythologies collectives, autant dans l’espace domestique que dans le contexte urbain ou rural. Cette analyse permet l’expérimentation et la production de nouvelles formes, dans un but de transformation sociale et culturelle, telle qu'initiée dans la méthode scientifique de la recherche-action.

Go with the flow, 2022
diptyque, 310 x 225 x 2 cm, laine feutrée à la main, vue de l’exposition Et j’ai vu le bout du pays où les nuages sont infinis. Volet II : Vivre l’expérience, BBB centre d’art, Toulouse, 2022




Professionnel·les invité·es

Mathilde Belouali,
directrice du Centre d'art Les Capucins, Embrun

Mathilde Belouali est commissaire d’exposition, critique d’art et travailleuse de l’art. En 2024, elle devient directrice du centre d’art contemporain Les Capucins, à Embrun dans les Alpes du Sud, et est également commissaire invitée pour une exposition collective à Triangle-Astérides à Marseille sur les généalogies féministes, avec comme point de départ la galerie puis librairie Vigna qui a existé à Nice au tournant des années 2000. Auparavant, elle a travaillé comme responsable des expositions à Bétonsalon – centre d’art et de recherche à Paris pendant quatre ans. Elle y a notamment développé en 2023 le programme « Cap pour l’île des vivantes » autour des écritures lesbiennes et queer.

Selma Meuli
curatrice à la Kunsthaus Biel – Centre d'art Bienne (KBCB)

Selma Meuli est curatrice au Kunsthaus Biel – Centre d'art Bienne (KBCB) depuis 2023, où elle a été responsable de l'exposition individuelle de Loretta Fahrenholz et planifie actuellement une exposition d'Alexandra Bircken. Parallèlement, elle s'occupe de la coordination artistique des Swiss Art Awards, les prix suisses d'art, organisés annuellement par l'Office fédéral de la culture. Auparavant, elle a travaillé notamment à la Kunst Halle Sankt Gallen et au WIELS à Bruxelles. Elle a également curaté divers projets au Lokal-int à Biel/Bienne et à la Krone Couronne, dans cette même ville, et fait partie de l’équipe curatoriale de Plattform.

Bas Hendrikx
conservateur au KANAL-Centre Pompidou, Bruxelles

Bas Hendrikx est conservateur au KANAL-Centre Pompidou à Bruxelles. Son travail se concentre sur les pratiques participatives, l'art numérique et l'histoire de l'art queer. Il est coéditeur de Authenticity ? (Valiz, 2017) et éditeur de Queer Exhibition Histories (Valiz, 2023). Parmi ses expositions récentes, citons Open Time pour la Fondation ULAY à Ljubljana, Connecting pour le KANAL-Centre Pompidou, Terms & Expectations pour Inter/Access à Toronto, Other Intelligences, Other Natures pour NeMe à Chypre, et RISING, une commande de Tarek Lakhrissi pour le KANAL-Centre Pompidou.

Nikolaos Akritidis,
commissaire indépendant, Grèce

Nikolaos Akritidis, commissaire d'exposition et géographe grec, vit et travaille à Bruxelles. Son travail explore les contextes urbains, la mémoire culturelle et les dynamiques écologiques, en mettant l’accent sur les expériences de migration et la coexistence des vies humaines et non humaines. Diplômé de Goldsmiths et de l'UCL, il a collaboré avec des institutions comme koraï project space (Nicosie) et le UCL Urban Lab (Londres). En 2020, il a été sélectionné pour le programme NEON Curatorial Exchange (Whitechapel Gallery, Londres). Son travail éditorial a été publié sur e-flux, et il a reçu le Frank Carter Prize de l'UCL en 2021 pour ses recherches sur l'urbanisme postcolonial. Son projet de recherche Péripatétique sur Seine, pour lequel il est en résidence à la Cité internationale des Arts à Paris, explore les transformations urbaines de Paris en collaboration avec des résidents et des organisations locales, invitant à une réflexion collective sur l'architecture et l'espace public dans un contexte post-Olympique.