Œuvres dans l'espace public
Lionel Scoccimaro

Zen garden

Commanditaire : Conseil Général des Bouches-du-Rhône

1% artistique, 2010
Collège du Roy d'Espagne, Marseille

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES
Résine biodecosol, blocs de pierre, peinture, plancher métallique, 14 x 14 x 3 m (avec les palmiers)

Véhiculant des valeurs philosophiques fortes d'harmonie, d'apaisement, de repos et d'équilibre ZEN GARDEN se propose comme un lieu de réflexion sur le monde et la nature.

Formellement l'oeuvre reprend les codes esthétiques des jardins de pierres, fait de gravier noir appliqué avec un liant pour figer la structure du ratissage et d'enrochement de pierres blanches.
Sorte de jardin minéral en plein coeur de la cour, le projet se présente comme le prolongement d'une oeuvre déjà existante dans mon travail ( «not so zen garden» 2007). Ce jardin «japonais» reformulé en résine et gravier ratissé était une oeuvre destinée à l'espace des Galeries et mon ambition était alors de trouver une alternative afin de créer son pendant pour l' extérieur.
Ici donc, l' oeuvre est un espace ou les collégiens ont accès à l'ensemble du périmètre de la pièce qui comprend des «endroits» de natures et de matériologies différentes, tous pénétrables , occupables et qu'ils peuvent s'approprier à leur guise.
En effet cette «sculpture/jardin» est occupée par différents éléments plastiques, reprenant tous des éléments de l'architecture présente, du paysage environnant ou de l'espace urbain alentour.
En lien direct avec l'architecture du collège, la déambulation autour de l'espace ratissé, est composée des mêmes structures que celles servant de parements muraux au hall d'entrée du rez-de-chaussée du collège, de type plancher métallique «diamond robust» en tôle galvanisée.

Sur cette même déambulation de 14 mètres de côtés et 3 mètres de large, sont implantés 3 bancs publics, aux formes renvoyant au design de l'esthétique «zen» en tek et métal. Ce mobilier permet à la fois de définir des points de vues sur l'oeuvre, tout en gardant une fonctionnalité réelle et permettant simplement aux élèves de s'asseoir pour discuter, réviser ou réfléchir à l'existence de cette oeuvre dans un établissement à la lisière de la «vraie» nature environnante, celle qui définit l'horizon de la cour.
Les trois palmiers émergent de ce par-terre métallique, à la fois pour préserver les plantations existantes aussi bien que pour apporter une touche végétale dans cet environnement minéral. Propre à la philosophie japonaise, une harmonie entre les éléments serait source d'apaisement et de respect des équilibres, c'est aussi cette quête de quiétude et d'apaisement que cette oeuvre se propose d'apporter dans l'espace scolaire.
Enfin, au centre de ce périmètre de 14 mètres de cotés, est installé un jardin de pierre et de béton ratissé d'environ 65m² (8,2m x 8,2m) qui est utilisable par les élèves afin de s'y asseoir et de s'y «installer» à la vue de tous.
Les pierres sont disposées dans un souci de recherche d'harmonie et d'équilibre formel; tout en préservant la possibilité aux collégiens de se projeter dans cet espace.
Les pierres sont de même nature que celles déjà présentes naturellement dans les sites environnants qui sont nettoyées, apprêtées, repeintes en blanc puis vernies (anti-tag) afin que l'entretien de l'oeuvre soit le plus sommaire possible et que la pérennité des matériaux soit garantie.
Le sol, réalisé en gravier teinté en noir et appliqué avec un liant en résine, vient renforcer le contraste entre les éléments tout en insistant sur le rapport des forces «yin» et «yan» devant se côtoyer au sein d'une oeuvre pour en préserver l'harmonie.
Des gros rochers blancs sortent donc du sol de gravier noir, figés dans la résine. De part sa matériologie toute la surface de l'oeuvre est donc utilisable comme un véritable élément de mobilier urbain conservant à la fois une dimension formelle poétique et une dimension utilitaire .

Sorte de scène, le théâtre de la vie quotidienne du collège se déroulera chaque jour sur cette aire.
Cette proposition trouve aussi son intérêt de part sa dimension de respect de l'architecture présente puisque ré-utilisant un lieu qui (par usure ou manque d'entretien) est devenu une zone indéfinissable en plein milieu de la cour. La redéfinition de cet espace en jardin minéral devrait trouver son utilité dans la vie sociale du collège.
Il est possible de s'asseoir sur les rochers et sur les bords de l'espace ratissé. Cette oeuvre est donc une sorte d'Agora de 196m² en plein coeur du collège.Cet espace trouve sa place très discrètement dans le lieu tout en étant restant aussi visible par les élèves depuis certaines salles de cours et depuis l'extérieur du collège .
En adéquation avec les plantations de bambous présentes en clôture du collège, la connotation asiatique de mon projet trouve un écho dans les aménagements déjà existants.

A la fois minéral, végétal et urbain ce projet d'espace sculptural hybride»permet un dialogue entre les paysages sauvages des calanques marseillaises présentes aux abords du bâtiment et une nature apprivoisée ou reformulée artificiellement dans le collège.