Un crocodile
Commanditaire : Ville de Marseille
Mon projet de 1%, sur la plaine sportive de la Jouvène, met en scène un crocodile sur le bas-côté du bassin de rétention d'eau situé à l'entrée du stade. Ce bassin en terre est le seul espace du site à n'avoir aucun enjeu sportif. Il est conçu pour récupérer l'eau des pluies un temps avant qu'elles n'aillent dans les canalisations d'assainissement. Par ce système, il devient donc visuellement et physiquement variable, non par l'intervention de l'homme, mais par les cycles de la nature. Cet espace, vaste et imposant, est frappant compte tenu des précipitations de pluies peu fréquentes à Marseille.
Pour moi, ce bassin est un rappel à la nature sachant que ce périmètre était auparavant un champ, laissant croire à la fertilité de la terre. Il semble alors en contradiction avec l'architecture qui l'entoure car, elle, reste figée.
C'est ce dialogue entre la construction et la terre elle-même qui m'intéresse: elles sont en décalage et font pourtant parties du même site. Pour accentuer cette dualité j'ai choisi le crocodile. Cet animal ancestral et sauvage a une position d'intermédiaire entre la terre et l'eau. Son aisance à se camoufler lui permet un rôle d'observateur aiguisé. L'envie d'entretenir l'ambiguïté entre la réalité et la sculpture se définit par la capacité physique qu'a cet animal à se mobiliser pendant des heures : ici sa construction, sa mise en oeuvre, le fige de manière «éternelle». Cette mise en scène prend une allure incongrue, donne l'impression que la bête est égarée, qu'elle a perdu le reste de l'équipe.
L'intention est donc de créer un jeu de surprise avec le public, qui de toute façon viendra soit faire du sport, soit regarder un match, mais qui ne s'attendra pas à tomber nez à nez avec un crocodile'