Œuvres dans l'espace public
Diane Guyot de St Michel

SOYEZ PATIENTS

1% artistique, 2020
Campus santé Timone, Marseille

Dans sa pratique artistique, Diane Guyot de St Michel travaille d'abord à partir des contextes dans lesquels elle est amenée à intervenir. Ce préalable qui place l'immersion et l'échange comme des étapes essentielles du processus de réalisation fonde une œuvre aux formes ouvertes qui souvent se partagent. Qu'elle travaille avec une entreprise de courtage en assurance, un centre social ou un espace d'exposition, son œuvre se manifeste à travers l'échange et l'attention à l'autre. C'est alors naturellement, et parce que les événements de sa vie l'y ont conduit, que Diane Guyot de Saint-Michel a investi artistiquement depuis plusieurs années l'espace hospitalier.
En 2018, elle réalise en effet une résidence à l’hôpital européen de Marseille durant laquelle elle produit un premier travail sur les blouses du personnel soignant. Puis en 2020, elle engage un projet de dessins au sein des services de soins critiques Urgences et Réanimation au plus fort de la crise COVID. Parallèlement, elle a récemment, elle a montré son travail à la galerie Bombon Projects (Barcelone), au centre d'art La Halle des Bouchers (Vienne) ainsi qu'à la Galerie des Grands Bain Douches, Art-cade (Marseille).
L'œuvre SOYEZ PATIENTS a été réalisée en 2020 au titre du 1% artistique du bâtiment pédagogique du Campus Santé de la Timone à Marseille. L'artiste, soucieuse de ne pas ajouter un « volume » à l’environnement, choisit dès lors d'investir les gradins de béton extérieurs qui font face au bâtiment de l'architecte Corinne Vezzoni. Elle travaille à l'intégration de sa proposition artistique dans un contexte déjà construit.
Réalisée à partir de 110 plaques d'inox miroir, l'œuvre se déploie sur les parties verticales des assises et compose sur toute la largeur des gradins la phrase « Soyez patients ». Chaque lettre est fragmentée en fonction des différents niveaux et se recompose quand le regard est frontal. C'est une œuvre à l'échelle du paysage qui malgré sa grande dimension joue sur sa possible invisibilité. Opérant une percée visuelle dans la masse du béton, l'oeuvre tend à le faire disparaître.
L'artiste travaille sur le point d'équilibre entre le visible et l'invisible, le lisible et l'illisible, elle propose une forme paradoxale présente mais non imposée. L'œuvre est palpable, à disposition, elle est utilisable, on peut s'adosser sur elle, se regarder. Il s'agit de faire corps avec un contexte plutôt que d'imposer un geste avec autorité, mais aussi d'inventer une valeur d'usage à l'œuvre tout en qualifiant un lieu déjà présent.
Quant à l'injonction elle-même, elle est un clin d'œil amusé à la route qu'il reste à parcourir :
« En pensant aux années d'études que passeront les étudiants sur le campus, à Johannes Vermeer peintre du temps par excellence, me revenait en mémoire les mots de la femme de ménage finissant la salle d'attente des urgences : « soyez patients... Le sol est glissant. ». Plus qu'une injonction, un conseil, comme un appel à un rapport apaisé au monde.