Le collège, la photographies et le miroir
Installées dans l'espace de circulation donnant accès d'un côté aux salles de classe et de l'autre, séparé par des surfaces vitrées, à un espace vert central, les quatre photographies-miroirs apparaissent comme des concurrents de la réalité qu'elles imitent. Ainsi dupliqué, le forum du collège acquiert une identité autre que fonctionnelle et incite le spectateur-usager à sa relecture. A chaque module correspond un côté du déambulatoire, et leur emplacement dépend totalement de la structure du lieu, d'un espace disponible entre les portes, fenêtres, tableaux d'affichage, etc... ils balisent ainsi un parcours et matérialisent un point de vue.
Un module est composé d'une photographie couleur figurant exactement la situation opposée à son emplacement, et d'un miroir d'un format identique à la photo. Accroché verticalement, ce diptyque permet de constater, à la bonne distance, la concordance du reflet dans le miroir et du cadrage photographique; on obtient simultanément une vision spatiale, photographique et spéculaire. Mais paradoxalement, le spectateur mesure l'écart qui ne cesse d'évoluer entre l'enregistrement photographique d'un moment et le reflet permanent du miroir, la symétrie parfaite lors de l'installation devenant de plus en plus approximative (évolution de la végétation, modification des lieux, de la lumière, changement de saison). Tout en n'adoptant pas nécessairement le point de vue induit par le dispositif, le spectateur voit se réfléchir dans le miroir un fragment de l'environnement immédiat, le passage des élèves dans le couloir, leur présence dans le jardin, etc...
Ce travail utilisant des matériaux qu'aucune hiérarchie d'intérêt ne distingue, (photographie documentaire, miroir ordinaire) entre directement en interaction avec l'espace particulier qu'il occupe et sert de révélateur à tout ce qui l'entoure, mais trahit peu l'artiste ; travail dont le sujet est le spectateur.