La sauveté de Garbachet
Une sauveté contemporaine située dans le pli entre les cosmogonies moniste et dualiste. Les Landes de Gascogne sont constituées d’une multitude de parcelles, enregistrées au cadastre, appartenant pour 90% à des propriétaires privés. Cela se traduit sur le terrain par un jalonnement des terres à l’aide de bornes et de signes. Pour Bénédicte Fénié «l’origine latine du mot pays, par extension paysage se trouve dans le latin pagus lui-même venant du latin classique pancere qui signifie fixer des bornes, des limites.» Le paysage des Landes n’a donc rien de naturel. Il est fabriqué. L’acte de propriété précède l’occupation du territoire.
Au Moyen Âge, une sauveté était une zone de refuge délimitée autour d’une église par plusieurs bornes. À l’intérieur de ce périmètre, il était interdit de poursuivre les fugitifs.
Le projet consiste à prendre possession d’un lieu d’une manière réelle et corporelle. Il s’agit d’un terrain d’environ 1 hectare (10 000m2), situé autour de la cabane de Garbachet, encore appelée lou bourdot du Garbaché appartenant à la commune. L’enjeu, c’est de jalonner cet espace à l’aide d’au moins 4 bornes qui pourront s’apparenter à des sculptures. La cabane et le puits attenants feront également l’objet d’un aménagement.
Le choix dou bourdot du garbaché n’est pas anodin, il s’agit de la cabane du garde vache. Pour J. Prat : «le pasteur et le bovin se situent dans une situation charnière sur les marges de leur espace, à la frontière du sauvage et du domestique, de la nature et de la culture». Il y a aussi, très curieusement une similitude entre garbaché et gargaphié, le bois célébré par Ovide où Actéon est transformé en cerf. Ainsi Christophe Doucet souhaite qu’une référence à l’animal soit faite dans le traitement des bornes/sculptures, et dans l’aménagement de la cabane et du puits.
Christophe Doucet