Rika Tanaka
Né⋅e en
Vit et travaille à Rennes et à Takayama (Japon)

Minéraux ou organiques, vivants ou artificiels, les divers objets que je récupère sont des supports de réflexion. J’en accumule la plupart sans intention prédéfinie et je les dispose ensuite sur des étagères, dans mon atelier. Dans cette espèce de chambre des merveilles purement personnelle, des compositions se créent de manière perpetuelle et hasardeuse, selon l’introduction de nouvelles trouvailles. Ces collections font office de carnets de croquis dont j’essaie d’enregistrer les moindres détails : formes, matérialités, couleurs, évolution, métamorphoses, etc. Il ne s’agit pas de les représenter mais plutôt d’en produire des équivalents. Bruts ou travaillés, ces éléments accompagnent et initient ma pratique. Qu’ils subissent ou non un processus de détérioration ou de vieillissement, je dois les observer parfois longtemps avant de les intégrer à ma production. Le temps est ainsi une donnée fondamentale. Depuis le reflet fugace dans un miroir jusqu’à la lente déshydratation d’un fruit, mon travail conjugue action du temps et maîtrise des gestes. La géométrie devient molle, le support s’altère, la transparence est troublée. Si ma pratique ne se limite à aucun médium en particulier, le vocabulaire formel est restreint à son minimum. La ligne et la grille sont les outils graphiques essentiels à partir desquels sont explorées la couleur et la matière. Les bandes tracées au pinceau évoquent autant l’aspect de l’ananas que le châssis d’une fenêtre ou un lainage tricoté. Production et collection sont présentées ensemble, côte-à-côte. Toujours à la recherche d’un équilibre, d’un jeu d’associations universelles, leurs rencontres oscillent entre complémentarité et opposition.