Provence-Alpes-Côte-d'Azur

Marie-Eve Mestre

Né⋅e en 1967

Vit et travaille à Cap d'Ail

Marie-Eve Mestre ou l'empoisonnement des marges
Par Christian Noorbergen
Artension n°46 / mars avril 2009

Marie-Eve Mestre traque ses proies dans l'obscurité du montrable, du côté des interdits de la bienséance visuelle.

Elle ironise aux abords des indiscrètes représentations. Infidèle aux attendus, insidieusement percutante, elle pervertit à leur insu tous les naïfs regardeurs de vieux moutons égorgés.

D'un ironique scalpel mental, elle décape par le dedans tous les leurres fatigués de la modernité. Elle «déchaste» les trop belles images, et ses amères et sidérantes figures bricolent dans l'incurable.

La norme est malade de son éprouvante normalité, elle a des yeux de monstre doucereux, plus incapable qu'implacable.

Marie-Eve Mestre est une magicienne de la métamorphose transgressive, elle vit la nuit dans une transe métamorphique subtile et très heureusement décalée. Le bonheur a des armes acérées de dur crocodile, il croque le désuet des fantasmes fabriqués, il pleure les larmes des silences médiatiques, et de quotidien saturé, éteint, aveugle.

Marie-Eve Mestre aime les crocodiles qui délirent et dévorent les évidences.

Elle vit aux creux des dents qui déchirent les artifices. Et son art a la dent dure et acérée des fauves qui vivent au profond des marges secrètes.

Elle «le» fait (mais que fait-elle dans l'étrange espace amoureux de l'impensable?), elle fait tout cela, donc en inquiétante douceur, et mine de rien.

Ses images sont des mines loufoques et denses qui piègent le réel.
Elle vous nettoie le cerveau en un rien de temps.

Une image passe, et le temps ordinaire ne passe plus. Le poison agit.
Maître Mestre est passée.

Ses marges ont la rage cruelle et ne cessent de s'étendre.