Lucas Zambon
Né⋅e en 1995
Vit et travaille à Lyon (Rhône) et Herbeys (Isère)
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Mon travail s'inscrit dans une démarche pluridisciplinaire, mêlant photographie, peinture, écriture poétique, vidéo et installation. À la lisière des médiums et des récits, je cherche à capter les phénomènes perçus en explorant les limites du visible. Cette quête vise à ouvrir un espace où les ambiguïtés et les dissonances révèlent de nouveaux horizons.
Mes créations naissent d’un dialogue avec le monde : au cours de mes pérégrinations, je collecte images, sons, objets et mots, que je façonne ensuite pour créer des installations sur mesure en fonction des espaces d’exposition. Ces compositions, loin d’offrir des réponses univoques, agissent comme des environnements immersifs où le spectateur est invité à une exploration active. Plusieurs voix y résonnent, oscillant entre sérieux et humour, dans un équilibre fragile et fécond.
La photographie, pilier de mon travail, y est envisagée comme un médium vivant et stratifié. À rebours de la transparence immédiate des images numériques actuelles, je privilégie des processus de création qui superposent les couches techniques et matérielles : pellicule argentique développée, retouchée, imprimée sur bois, enrichie par la peinture à l’huile. Cette démarche matérialise l’image, lui conférant densité et profondeur physique et sémiologique. En mettant en lumière les traces de production, mes œuvres affirment leur statut de représentation.
Mon approche se construit en réponse à la standardisation des images produites par les outils numériques et l'intelligence artificielle. Là où ces technologies homogénéisent et effacent les singularités au profit d'une perfection algorithmique qui simule le réel, les images que je propose célèbrent les imperfections, les absences, les flous et les particularités. Mon ambition est de suspendre le flux et d’offrir des "points d’honnêteté", des objets visuels capables de résister à la consommation immédiate et de persister dans la mémoire en affirmant leur partialité.
Conceptuellement, mon travail s’articule autour de la notion de lisières. Ces frontières poreuses, qu’elles soient physiques ou métaphoriques, incarnent l’indéfini, l’espace entre-deux. La lisière, c’est l’orée du bois, la lumière entre chien et loup, le flou d’une image ou la poésie qui tord la langue. C’est un lieu de transition où les dissonances cognitives ouvrent le champ perceptif, invitant à accueillir l’invisible, l’inexprimé.
Les images que je produis ont une matérialité sculpturale, elles prennent part à des installations visuelles et sonores, où elles rencontrent d'autres objets, des dispositifs lumineux et surtout des mots. Les récits poétiques et fictionnels dialoguent avec les images pour tisser des strates narratives complexes. Ces combinaisons donnent naissance à une esthétique hybride, à la croisée du drame, du sublime et de l’ordinaire. Chacune de mes expositions est une histoire qui se déploie à travers différents médiums, parfois complémentaires ou antagonistes, créant des récits où faire l’expérience d’une certaine ambiguïté.
© Adagp, Paris