Auvergne-Rhône-Alpes

Jonas Delaborde

Né⋅e en 1981

Vit et travaille à Lyon

Directeur artistique des éditions Nazi Knife, avec Hendrik Hegray, FLTMSTPC (ed.), Paris (depuis 2006) / False Flag, avec Hendrik Hegray et Stéphane Prigent, FLTMSTPC (ed.), Paris (depuis 2010) / Mentiras, fanzine (depuis 2013) / PE, Der Vierte Pförtner Verlag (ed.), Lyon, et LJMTL (ed.), La Hague (depuis 2021)

« Il y est question des livres que je lis et de ceux que je publie. Tout fonctionne en circuit ouvert, par décalque et par recyclage, il n'y a jamais de butée finale. Très simplement, ce flux ― discontinu, il faut l'admettre ―, est alimenté par le plaisir que je prends à faire les choses. Je dessine ce qui m'amuse, ce qui me passe par la tête. Je scanne les images que je rencontre et qui me le demandent, parce qu'elles sont excitantes ou qu'elles portent en elles un impératif. C'est un mode opératoire léger, opportuniste et joyeux. Il n'exclut pas une certaine sophistication ni des objectifs à moyen ou à long terme. Par contre, oui, je musarde. Aussi : chaque geste, chaque titre, chaque livre possède un sous-titre, une légende, une traduction, comme un sillon qui traverse plusieurs plans.
Je ne crois pas être dans la saturation des signes, comme Franck semblait le penser : ni esthétique de l'illisibilité ou du cryptage, ni romantisme ésotérique des jeux de miroirs. Mais je suis forcé d'admettre que les plis et replis d'une production particulièrement protéiforme rendent ardue toute lecture globale. Surtout pour moi, puisque j'ai le nez dessus. Aux côtés de dispositifs critiques ou du réemploi de formes issues d'horizons divers, figurent des dessins figuratifs qu'on pourrait qualifier de fantastiques (au sens de Philippe Druillet, mettons, et sans prétendre à leur qualité), érotiques ou humoristiques. Mais je ne suis pas certain qu'il faille remédier à cet hétéroclisme, comme s'il s'agissait d'une irrésolution. Mon travail universitaire m'oblige à envisager un positionnement historique. Mes propres livres, ma propre pratique du livre, sont forcément lus au regard de ceux et de celles des artistes du graphzine. Cela ne simplifie pas grand chose. Il s'agit en effet d'un groupe hétérogène de graphistes ou d'illustrateurs, parfois impliqués avec enthousiasme dans la publicité, et de franc-tireurs romantiques, érudits, et parfois fragiles jusqu'à la désocialisation. »

Jonas Delaborde, extrait, 2022