Jean-François Coadou
Né⋅e en 1948
Vit et travaille à Pertuis
Dans la proximité des Fous et de leurs soignants, j'explore depuis plus de 20 ans la folie et l'enfermement, avec les dérisoires moyens de la sculpture et de la poésie, travaux dans lesquels il est prétentieusement question d'entrevoir l'intimité d'une pensée psychotique.
Les SCULPTURES SILENCIEUSES étaient des métaphores de l'autisme et de la psychose.
Les EQUATIONS sont des "choses" énigmatiques, toutes issues des SCULPTURES SILENCIEUSES originelles dont elles gardent, malgré une diversification formelle rapide, la ressemblance de l'une à l'autre qu'imposent filiation et sororité, et ainsi nommées car, tenant à la fois de l'évidence et de l'indicible, elles sont simultanément question et réponse.
Sur le plan formel, les EQUATIONS sont issues, selon la leçon cézannienne, du travail de déconstruction-reconstruction d'objets premiers tels que le cube, la pyramide et le cylindre, avec toujours présente la question « Comment passer de l'objet à la sculpture ? ».
Il ne s'agit pas avec cette série, pas plus d'ailleurs qu'il n'en fut question avec les précédentes, d'ajouter encore et encore des objets à un monde qui en compte déjà beaucoup trop.
Dans la mise au jour des EQUATIONS, se joue, se donne à voir, quelque chose d'actif, de fondamentalement humain, de sacré et imprononçable comme, peut-être, le perdu-retrouvé ...
De la famille éloignée des polyèdres irréguliers, elles restent particulièrement indicibles par le verbe ou la photographie et impossible à appréhender d'un seul regard.
Les EQUATIONS se veulent figures de l'innommable, tel qu'il est à l'oeuvre dans l'inconscient.
Dans la dernière phase de leur développement (actuellement en cours), y est notamment exploré le problème de la matérialisation en trois dimensions et selon la "diagonale du Fou" du palindrome, figure close ne proposant que d'incessants (et jouissifs) allers-retours sur lui-même, et de la place qu' ainsi il assigne au regardeur.
Le regardeur des palindromes est placé devant un monde qui se fait sans lui : il constate dans l'après-coup, comme il en était réduit au simple constat devant les « SCULPTURES SILENCIEUSES ».
On aura compris, et ce depuis l'apparition des « SCULPTURES SILENCIEUSES » et de ma réflexion sur l'autisme et la psychose, que nous sommes dans l'impossible de l'interactivité.
Jean François Coadou