Provence-Alpes-Côte-d'Azur

Georges Autard

Né⋅e en 1951

Vit et travaille à Marseille

Se déployant maintenant sur un nombre conséquent d'années et avec un ensemble imposant d'oeuvres, le parcours de Georges Autard traverse des styles si différenciés, des démarches si diverses, des techniques si inconciliables qu'il atteint aujourd'hui à une cohérence et une logique reconnaissables.

Les dernières séries du printemps et de l'été 2001, qu'on nommera volontiers des translations, laissent apercevoir qu'après avoir abandonné pour un temps son vocabulaire attitré (vélo, tableau noir, chiffre, écriture), Georges Autard retraverse le vocabulaire de l'histoire de l'art du XXème siècle à partir de quelques figures et mouvements emblématiques de la modernité : Cézanne, Picasso, Beuys, Ryman, le Body art. Des oeuvres qui encerclent son travail depuis longtemps sans y avoir laissé jusqu'à aujourd'hui une trace effective. Plutôt que d'en assumer l'influence indirecte et formelle, il en récupère l'image immédiate pour la soumettre à sa vision picturale. Ni référence, ni citation, ni hommage, c'est pour lui l'occasion de déconstruire et de reconstruire la leçon de l'autre, de fragmenter pour mieux reconstituer les lignes de force, de souligner pour mieux prendre de la distance. De se plier pour mieux être lui-même.

Ayant intégré dans sa violence picturale, maintenant contenue et canalisée, les architectures théoriques de Cézanne aux cubistes jusqu'à nos jours, Georges Autard les détoure et les détourne avec les moyens techniques et analytiques de son temps. Décortiquant jusqu'à la structure les formes significatives et jusqu'à la simplification les couleurs reconnaissables des paysages de Cézanne ou des compositions de Picasso, il utilisera donc la reproduction, photographique puis infographique, d'une oeuvre que Cézanne avait peint en contemplant directement le motif. Cette distance supplémentaire qu'il met entre le peintre et l'objet lui donnant accès à une réflexion sur la peinture actuelle, pragmatique et sensible, capable de relire les autres arts, leurs pensées les plus complexes, leur possible devenir. Lui donnant la capacité de relire le monde de l'art et donc le monde.

François Bazzoli, 2001