Geoffrey Badel
Né⋅e en 1994
Vit et travaille à Montpellier



Ombres furtives, ailes dépliées, mains trompeuses.
Ce sont des figures de seuil et de silence — fantômes, chauve-souris, escamoteurs — qui traversent discrètement l’œuvre de Geoffrey Badel. Allégories de l’anti-normativité, elles incarnent l’invisible, le décentré, le trouble. Elles refusent les contours nets et les vérités trop sûres, préférant les murmures aux cris, l'incertitude à l’évidence.
La pratique de Geoffrey Badel est animée par l'inquiétude dans laquelle il trouve sa capacité d’agir. Le doute devient une puissance active : il ouvre et reconfigure. Les formes naissent alors d’un désir de retranscrire, de transmettre, d’un besoin de déplacer les regards et d’accueillir ce qui résiste au cadre.
Une partie essentielle de sa démarche s’appuie sur un travail de recherche constitué d'enquêtes patientes, de récits glanés, de rencontres inattendues et de corps à corps avec les lieux. Ce sont là ses outils — autant d’empreintes sensibles qui se traduisent généralement en dessin.
Faire signe, pour Geoffrey Badel, c’est laisser émerger l’invisible, faire place aux mondes silencieux, aux gestes qui vacillent, aux voix minorées. C’est dire l’Autre — non pas celui qu’on observe, mais celui qu’on devine, qu’on sent, qu’on pense reconnaître.
Du dessin à la performance, de la photographie à la vidéo, il tente de rendre perceptible ce qui se dérobe. Il fait surgir des présences étranges, des altérités vibrantes, dans un art du seuil et du passage. Là où les signes doutent d’eux-mêmes, ils s’écartent des normes et se mettent à agir autrement — c’est dans cette dissidence fluide que son travail advient, mouvant et multiple.
© Adagp, Paris