Gaël Darras
Né⋅e en 1990
Vit et travaille à Escamps (Lot)
Inlassablement je peins des briques à l’aquarelle. Pourquoi ? Je pense aujourd’hui ne plus vouloir savoir. Est-ce un désir, une pulsion, une nécessité, un défouloir, une contrainte ? Ou une habitude. Peu importe. Les feuilles se remplissent. L’aquarelle s’étale, prend l’espace. Le dessin s’enlabyrinthe d’une image à l’autre.
Mes yeux collectionnent les architectures — de brique ou non. Les images dans les livres, des espaces rêvés, des espaces mythologiques. Inlassablement mes mains tracent et bâtissent en deux dimensions. C’est la mémoire du corps, rien de plus.
Je me souviens des déambulations presque infinies à Ostia, port antique de Rome, à Cerveteri, à Populonia, sublimes et étrusques nécropoles. Je me souviens des temps qui s’étirent dans le leurre de leur ruine. Je me souviens de tous les soleils et de toutes les ombres. Peut-être que que sans m’en apercevoir tout à fait, peindre ces murs de briques c’est rejouer cette errance, retrouver le rythme de ces pas.
J’ai aimé discuter avec Gilgameš. L’envie nous en prend parfois.
Il y a une beauté rassurante dans la répétition. Brique. Brique. Brique. Aussi rassurante que vertigineuse. Mais le mur, je n’y ai pas trop réfléchi. Il advient par accumulation. Il me protège. Il m’enferme. Toujours on peut le détruire l’ouvrir le traverser. Il est une cellule. Il est une fenêtre. Il est un miroir, il est un miroir.
Mon corps cette maison.
Je crois que nous sommes rouges.
Gaël Darras,
avec l’aide de Leah Desmousseaux
© Adagp, Paris