Dominique Castell

Les dessins et dessins mis en mouvement tentent d’acheminer les émotions liées aussi bien à l’ expérience esthétique du paysage qu à celle plus intime des sentiments. Les tourments amoureux, la danse, les maquis sont autant d’occasions d’opérer des choix graphiques (stylo bille, mine de plomb, poussière, allumettes) ajustés aux qualités sensibles de l’environnement, aux humeurs du moment et à la conscience pathique du temps. Dessiner in situ, devient une expérience directe, tendue, aventureuse… une plongée intense dans le monde et dans soi-même dont l’issue n’est pas connue par avance mais qui, menée à terme, fait comprendre ce qui trame, caresse ou impacte la vie du moment. Chaque trait relance le trait sans l’ assurance de réussir; seul un certain climat, oriente le geste qui, tel un sismographe instinctif, trace le pouls du monde et suit avec attention et détachement, la qualité changeante des lumières, des sons, des modelés, des pressions ou des relachements …En echo probable aussi au monde réel qui se délite, un réseau de trajectoires fluides, de strates serpentines, coagulent en rivages nouveaux, s’étirent en cartographies mouvantes... comme les vues satellites trament en temps réel la surface des choses... une géo-graphie sensible se dessine instable et consistance... Prolongeant l’expérience esthétique du dessin non prémédité, au gré des aléas, le film animé, vidéo-graphique, amplifie ce climat de lente fluidité et place le dessin au coeur du processus de compréhension et d’expression de la nature demesurante de la vie.