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Auvergne-Rhône-Alpes

Didier Tallagrand

Né en 1959

Vit et travaille entre Laussonne (Haute-Loire) et Saint-Paulet-de-Caisson (Gard)

La plupart du temps, je fabrique des images fixes qui déplient des récits troués comme le monde qui nous entoure. Ouverts à une diversité de possibles. Des lieux visibles, leurs histoires invisibles, leurs atmosphères et tout ce qui peut en être imaginé.

C’est un travail au long cours. L’expérience des situations contextuelles éprouvées me permet de développer des univers sensibles qui jouent d’une manière poétique et personnelle avec des éléments formels que j’emprunte à l’histoire de l’art ou à l’univers des cultures populaires. Cette manière de faire, ce tissage, questionne tout autant les folklores, la géographie, l’agricole, l’environnement, l’écologie, que leurs usages et leurs représentations en peinture, en dessin, en photographie. L’histoire et la fiction s’ancrent conjointement sur les lieux.

Cette obsession que j’ai des paysages, vivants ou représentés - des animaux aussi - me conduit à croiser les modes opératoires de terrain et les formes et formats des images. Leur statut, leur régime. Nos constructions culturelles, la fabrication de notre regard, s’affirment dans l’histoire de ces représentations ; l’expérience de terrain fonctionne alors comme un recueil de réalités, de moments qui croisent nos héritages, nos usages.

Ma mémoire seule me joue des tours dans les allers-retours entre les sites que j’arpente et les imaginaires qui s’y agrègent. Le travail interprète ce trouble et se veut un possible de mondes rendus imaginables.

Élaborées par séries ou par projets situés, le traitement matériel, formel, est particulier à chacune des productions. Usant de la photographie, du dessin, d'une technique de pigments secs frottés à même la toile ou de l’outillage numérique, les images s’installent, hypnotiques et mélancoliques. Parfois les images sont trouvées, parfois elles convoquent la peinture comme une fulgurance poétique, parfois comme preuve culturelle. Quelquefois s’impose la nécessité d’une production éditoriale, un livre.

La mise en œuvre des images est contextuelle aux espaces d’exposition pour lesquels ces formes sont produites. Souvent accompagnées par une micro-édition, un livret comme pour un opéra, qui est une façon d’inviter le spectateur à repartir chez lui avec un objet à conserver comme chronique de la rencontre avec les œuvres. Ce n’est pas un catalogue.

Cette succession d’éléments fabriqués pour chaque projet produit, par leur simple combinaison, des récits ouverts à l’interprétation de chacun, parfois en prise directe avec un engagement politique alternatif, en format critique d’une réalité du monde, par moments dans un grand éclat de rire, souvent - je l’espère - comme une invitation à quelque poésie.