Provence-Alpes-Côte-d'Azur

Claudine Aspar

Né⋅e en 1963

Vit et travaille à Avignon

Claudine Aspar ne peint pas, ne sculpte pas, ne grave pas, elle cuisine...
Il arrive d'ailleurs quelque fois que ses meilleures préparations se transforment en sonate pétomane ou en mortier de scellement bien que depuis quelques temps sa cuisine se soit allégée alors que son oeuvre elle "PAAAAS du tout"... Il faut dire qu'elle commence à prendre de "l'AAAge" et des "kilos", certains la disent gironde, d'autres "VULGAIIIRE" d'autres encore, les deux...
Moi qui la connais bien et je peux vous dire qu'elle n'est pas VULGAIRE du TOUT et à peine enrobée...
Ses personnages eux sont vulgaires, je dirai même à piquer des vers. Qui n'a vu «Figue Sèche», «Saucissonne la cochonne», «Rébéca fait caca», ne peut pas comprendre.
Je citerai encore l'exemple de Joseline Bourillon la Femme de réré petite Bouche ; cette dernière experte dans la confection du Papeton d'Aubergine et du levé de coude a certainement quelque chose de vulgaire.
À écouter sa vie narrée par crin crin le vieil artilleur, on retrouve tous les ingrédients tragiques et dérisoires d'une vie noueuse comme un pied de vigne, alors que la voix off nous interpelle :
«Où allez-vous ? Qu'avez-vous fait de votre vie pauvres mortels»...
Mais au fait qu'est-ce que la vulgarité ?
La définition du dictionnaire nous dit :
VULGAIRE adj (Lat, Vulgaris ; de Vulgus, multitude).
Si l'on considère le nombre de "Bipèdes" qui grouillent sur la planète, je peux sans complexe, vous dire que si Claudine est Vulgaire alors nous le sommes tous et moi le premier.
Il y a certes des individus plus Vulgaires que d'autres, il me suffit de regarder la TV pour y voir la Vulgarité à chaque image pour ne pas dire l'accomplissement de la bêtise.
La différence avec le travail de Claudine ASPAR, c'est qu'elle exacerbe cette vulgarité qui est en chacun de nous pour en extraire une poésie granuleuse mordue au bain d'acide, taillée au burin, rayée à la pointe sèche...
Le produit est une première pression à froid implacable celle qui contient le meilleur du jus la substance même de ces personnages crucifiés sur le papier chiffon.
C'est peut-être la raison qui fait que ce travail peut paraître "brouillon" aux yeux des chercheurs d'ordre et de propreté...
Mais nos entrailles sont-elles en ordre?...
Claudine, elle, va droit au "BRUT" et répond à la question en faisant parler ce défunt en décomposition récente tout étonné de constater :
«Je ne pensais pas qu'il y avait autant de jus en moi».
Il s'agit en fait d'un travail sociologique plus qu'esthétique vous l'aurez compris...
car enfin ce travail dérange dans une période où l'art en vogue est sans "matières grasses" où les concepts sont les caches misères d'un tas d'artistes fonctionnaires à court d'inspiration, et dont l'objectif premier est de plaire aux chargés de mission des ministères concernés.
Claudine Aspar n'en a que faire, elle a la liberté de ceux qui n'ont pas de plan de carrière et qui ne cherchent pas à plaire à tout prix et comme pour faire un pied de nez à ses détracteurs elle a intitulé son dernier ouvrage : «PAS DE PROBLÈMES JE M'EN BAS LES OUILLES».

Daniel Romani, 1999