Bretagne

Bruno Di Rosa

Né⋅e en 1960

Vit et travaille à Rennes

Artiste et écrivain, Bruno Di Rosa développe une pratique tournée essentiellement vers la lecture et l’écriture. Une grande part de son travail consiste à recopier des textes littéraires, Madame Bovary de Gustave Flaubert, Regrets de Joachim du Bellay..., ou encore à en poursuivre l’écriture, récemment Le roman de la rose. En recopiant ces écrivains, Bruno Di Rosa ne cherche nullement à les effacer mais plutôt à montrer, tel un passeur, que le proche et le lointain ne séparent pas les auteurs, éternellement reliés par le fil de l’écriture.

« J’ai toujours eu du plaisir à voir des cantonniers balayer la rue. Ceux que je préfère ce sont ceux qui longent le trottoir alors qu’au sommet de la rue une bouche déverse un petit ruisseau courant le long du caniveau. Je suis alors comme fasciné, saisit par le bruit du balaie frottant l’asphalte arrosé ; ces branches de buis d’un autre temps trainées dans l’eau à un rythme lent et régulier me subjuguent. Il me semble être en accord parfait avec ce geste. Nettoyer la rue, pousser les saletés de la veille afin de préparer le jour qui commence, faire ce travail avec calme et nonchalance, sans état d’âme mais le faire car c’est à nous qu’en incombe la charge.

Pour peu qu’il y ait un soleil appuyé sur l’horizon et que petit à petit scintille le frémissement de l’onde alors, celui qui racle son balai sans âge devient un employé des dieux, un intermédiaire entre l’éternité et le temps.

Le poète de même que le cantonnier balaye la rue des déchets de la veille, c’est à lui qu’incombe la tache de préparer le jour, de faire place nette pour que les enfants du moment puissent jouer alors que leurs parents vont d’un pas précipité accomplir leurs devoirs.

C’est un emploi peu gratifiant mais combien nécessaire ! Et ce travail est encore mieux fait s’il est accompli avec lenteur et détachement. Le poète, comme le cantonnier, porté par le rythme de son geste et par les frottements de son outil est un peu dans la lune, il a l’esprit dans les nuages et regarde la terre et les hommes avec l’affection de l’absent. »