Actualités des artistes

Spéculaire

Exposition collective
Galerie AL/MA, Montpellier
du 14/06/2024 au 27/07/2024

L’exposition qui rassemble les œuvres récentes de Marine Pagès et de Nicolas Daubanes, propose un dialogue autour de leurs pratiques respectives. Marine Pagès développe un travail de dessin sur papier et de volume (installation, bois, papiers…), considérant l’espace de la galerie et la feuille comme un espace physique dans lequel elle déploie des lignes en équilibre. Elle présentera un ensemble de dessins, issus de la série des Memento Mori (2023-24), Mémento (2022) et des Formes molles, interrogeant la relation entre la planéité et le volume, la feuille et l’espace. La série de dessins Memento Mori joue d’anagramme de ces deux mots et réinventent un langage improbable, amusé, léger et grave autour de cette locution latine qui rappelle notre condition de mortel si prompt à l’oublier. Si la ligne est un élément prédominant, la couleur, composée de jus d’encre ou de crayonnage, donne un appui dense auquel le dessin s’adosse. Elle construit dans l’espace de la feuille des structures inspirées par une diversité de registres, depuis les éléments d’architecture aux postures de corps, en dédoublant le dessin.

Alors que la dernière exposition de Nicolas Daubanes à la galerie AL/MA en 2019 empruntait ses sujets à la Résistance, plus précisément à celle conduite par le maquis du Vercors pendant l’Occupation, la prochaine explore le passé pénitentiaire de l’abbaye de Fontevraud où il a été en résidence pendant deux ans. Inspiré par 150 années d’histoire carcérale dans ces lieux quand en 1804, Napoléon décide de la transformer en centrale pénitentiaire, Nicolas Daubanes propose de faire émerger la vision fantasmatique de ce qu’aurait pu être la prison au moment d’une mutinerie.

Mutinerie réellement imaginée par les moines en 1622 qui donne lieu à la série Tipi (2023) présente dans l’exposition. Depuis plus de 10 ans, Nicolas Daubanes a mis sa liberté d’artiste au service de situations de coercition et de survie dans des contextes aussi extrêmes et divers que ceux des prisons, des centres de rétention et des situations d’oppression. Il extrait des archives qui documentent ces moments de résistance et de révolte une matière mémorielle rendue visible par des médiums divers : vidéo, dessin à la limaille, céramique, verre.

Si le titre de l’exposition, Spéculaire, dont la définition la plus courante précise, « qui réfléchit la lumière comme un miroir », suggère une situation de face à face de deux gestes artistiques qui s’éclairent mutuellement, on peut aussi l’interpréter comme un dispositif méditatif, au sens d’exercer sa réflexion en confrontant les deux propositions. Nicolas adapte ses moyens à la restitution d’une archive, d’une mémoire, d’une phrase, en s’interrogeant sur la manière d’en restituer la force, la légitimité, de la rendre visible et lisible. La limaille, la céramique dentaire, le béton saboté utilisés par Nicolas Daubanes, servent une cause : la mémoire de l’histoire. Marine Pagès à choisit d’assujettir ses sujets,inventaires, mémento mori, aux contraintes d’une économie formelle rigoureuse qu’elle fixe en préambule de ses gestes. Dans des registres formels différents, ils questionnent l’usage du matériau, du processus, qui transforme le sujet en un espace physique, réel, entier.