Rencontre avec Vir Andres Hera
Signifiant « cahier » ou « livre » en nahuatl (langue aztèque), l’installation vidéo et sonore Amoxtli emprunte son nom au poète arménien Sayat-Nova, connu pour avoir produit un œuvre plurilingue transcendant la question des frontières. On y retrouve l’idée de la nepantla, décrite par Gloria Anzaldúa (1942-2004) — écrivaine, poétesse, théoricienne et militante féministe d’origine mexicaine — comme une sorte d’interstice entre toutes les manifestations de l’identité, permettant la mutation et la multiplicité.
Vir Andres Hera invite une douzaine de personnalités activistes LGBTQIA+, artistes et technicien·nes à évoquer leurs parcours et leurs identités. À la manière des poèmes de Sayat-Nova, l’œuvre se déploie simultanément en espagnol, français et anglais. Chaque récit est ainsi traduit ou interprété, superposant aux voix des performeur·euses celles des traducteur·rices dans une tentative concrète de multiplication des perspectives.
La pratique de Vir Andres Hera naît d’une multiplicité de récits, de langues et de subjectivités. Alternant les médiums au gré de ses projets, l’artiste s’appuie sur différents courants de pensées qui revendiquent les identités marginalisées ou racisées : mouvement queer, chicana ou black studies. Privilégiant le mode du collectif, Vir Andres Hera s’entoure de chercheur·euses, activistes, performeur·euses ou chaman·es pour restituer des histoires fragmentées.