Poétiques du seuil [Part I] - À la marge

Pour la troisième année consécutive, la Galerie Totem réalise une exposition collective à partir d’une sélection de propositions via appel à projets. En 2023, environ 200 artistes ont répondu par leurs démarches à un extrait tiré de l’ouvrage « Préface à la transgression », de Michel Foucault (1926-1984) : « Mais la limite a-t-elle une existence véritable en dehors du geste qui glorieusement la traverse et la nie ?».
Convaincue de l’enjeu de l’éducation du regard à l’art contemporain et de la nécessité de générer des rencontres entre les publics et la création contemporaine, Amiens Métropole souhaite donner à voir et découvrir la production des artistes qui interrogent le temps présent. Inaugurée en 2021, la Galerie Totem répond à cette ambition. Lieu privilégié pour les rencontres, l’espace mis à disposition des artistes contribue à la diffusion et à la valorisation des pratiques et démarches artistiques, dans la diversité des approches et techniques.
"Artiste plasticien et musicien, Jérôme Grivel déploie une œuvre pluridisciplinaire questionnant les relations entre espaces, expériences et limites. On retrouve dans les deux séries de dessins présentées à Totem l’évocation de la limite, du corps en mouvement et de la traversée. L’univers carcéral est clairement évoqué dans la série « Paysage-clôture » (2022-) qui, entre dessin et sculpture, confronte le genre pictural du paysage à des compositions géométriques abstraites, construites à partir de différentes typologies de grilles et de grillages. Figures archétypales de la séparation et du contrôle des corps, la grille et le grillage, sont ici traités de manière ambivalente : ils contraignent le regard tout autant qu’ils ajoutent une touche décorative au paysage dessiné au fusain d’une manière naturaliste. Les dessins de la série Point de rencontre représentent des projets d’architectures fictives, conçues pour induire des circulations précises, évoquant la négation de la rencontre, interrogeant la notion d’espace public. « C’est ici l’occasion d’une réflexion sur la façon dont l’architecture, en tant que dispositif institutionnel et politique, détermine la relation avec notre propre corps et celui des autres, et comment nous y répondons de manière physique et émotionnelle, dans une quête d’émancipation, de liberté », affirme l’artiste."

Artistes
Guénaëlle de Carbonnières , Jérôme Grivel, Jean-Philippe Roubaud