Actualités des artistes

L’envers de la fête

Exposition collective
Bazar St-Lô, Lille
du 04/07/2025 au 07/09/2025

Les fêtes sont des intervalles singuliers où la société se construit et se déconstruit. Ce sont de micro-utopies temporelles durant lesquelles les règles sociales sont momentanément suspendues, afin de laisser surgir de nouveaux rapports et de nouveaux possibles. Ces brefs instants de liberté ne sont pas aussi spontanés qu’on l’imagine. Ils se préparent et se mettent en place, parfois longtemps à l’avance, et se répètent comme autant de rituels nécessaires à la réinvention de nos sociétés.

Cette exposition se concentre sur ces dispositifs techniques et scénographiques qui participent à la mise en place de ces rituels festifs, d’une part. Et sur des œuvres visuelles qui captent ces moments singuliers de latence, entre leur fin et leur préparation, d’autre part. Elle porte sur les coulisses de la fête et une forme d’architecture que l’on retrouve aussi bien dans les théâtres, les discothèques et les grands festivals en plein-air. La singularité de cette architecture tient au fait qu’elle ne perpétue pas des relations de pouvoir, comme la plupart de nos bâtiments, mais fabrique des espaces de liberté. Cette architecture est discrète, d’une part parce qu’elle est éphémère, et d’autre part parce que sa vocation est de s’effacer au profit de l’événement.

L’exposition propose de révéler cette architecture de la fête en mettant en scène différents dispositifs destinés à fabriquer des atmosphères sonores et lumineuses propices à la perte de repère, à l’hallucination, à la transe, voire à l’extase. On pense aux enceintes acoustiques ou aux luminaires directionnels qui créent des effets de halos tout en gardant les lieux dans la pénombre. On pense aussi aux estrades, aux poutres légères et triangulées qui servent à porter les enceintes et les spots lumineux, aux guirlandes d’ampoules électriques, à la cabine du DJ, aux rideaux et aux cloisons sombres, couvertes d’une peinture noir mat qui contribuent à effacer les limites d’une pièce.

Lorsque la fête bat son plein, tous ces dispositifs sont invisibles car c’est le tourbillon vibrant des effets artificiels qui domine. Mais lorsque la fête s’interrompt, ils nous apparaissent nus et sincères, parfois touchants dans leur précarité. Ils constituent un paysage à la fois étrange et familier, une architecture qui peut sembler banale au premier abord, mais qui nous permet de pénétrer dans les coulisses du spectacle et de découvrir l’envers de cette magie éphémère qui transforme la fête en utopie.

L’exposition est conçue dans l’esprit d’une installation constituée de ces différents dispositifs et images. Elle vise à créer une expérience singulière de la fête, qui se situe à mi-chemin entre sa fin et sa préparation. Car ces deux moments se ressemblent : sommes-nous en train d’achever l’événement ou de préparer le suivant ? Sommes-nous à la fin d’une ère ou au commencement d’une autre ? En montrant que la fête n’est pas qu’un instant extatique mais un projet qu’il faut constamment reconstruire, cette exposition interroge nos rapports au temps et à nos sentiments de crise, en suggérant que la fin d’une époque est toujours le début d’une autre.