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La cinquième saison

Exposition personnelle
Galerie G, La Garde
du 06/01/2023 au 02/03/2023

De prime abord, les dessins que Céline Marin exécute à la mine de plomb, sur papier blanc ou coloré, ne laissent pas soupçonner la vaste hétérogénéité de leur matière première. L’articulation entre les différents éléments - récoltés, isolés de leur contexte et recomposés - est camouflée à la perfection grâce au trait minutieux du dessin. Ce souci de gommer les ruptures de continuité entre les images-source n’est pas sans évoquer les collages surréalistes, et tout particulièrement les romans-collages de Max Ernst : tout comme les planches réalisées par l’artiste allemand, Céline Marin construit rigoureusement des images tout à fait plausibles, qui, grâce à cela, sèment le plus grand trouble dans la lecture de l’image.
Les gestes qui sous-tendent son travail s’articulent en collecte iconographique, assemblage des images, association des éléments sans hiérarchie, puisque « une paire de chaussettes ne convient pas moins à la réalisation d’une peinture que du bois, des clous, de la térébenthine, de l’huile ou du tissu ».
Pour les dessins qui composent la série La cinquième saison, Céline Marin a opéré cette récolte d’images en voyageant dans plusieurs pays d’Europe à la recherche des fêtes du milieu de l’hiver, où des
rites anciens se mélangent à des inspirations plus actuelles, telles que l’imaginaire fantasy. Sa matière d’origine contient donc déjà le principe du mixage.
Dans cette nouvelle collection d’images, le rituel et l’hybridation homme-animal (qui rappelle les portraits de Charles Fréger) reviennent sans cesse dans les scènes dessinées : l’homme sauvage, baigné d’inquiétante étrangeté, en est le personnage principal.
S’il est vrai que dans les moments de crise les artistes se retrouvent à réinterroger et à déconstruire les codes existants de la représentation, il serait aisé de nous questionner sur la résurgence de la notion de sauvage dans un monde technologique qui court à grande vitesse vers sa déperdition.

Stefania Meazza