Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir
Dans le prolongement de mes recherches iconographiques initiées en 2021 au Centre Histoire et Mémoire Roger Bennati de Beausoleil, j’ai poursuivis ce travail en y mêlant des images d’archives de la ville de Beausoleil, des photographies des batailles de fleurs de la Riviera, du Music-Hall et des photographies personnelles d’une famille venue d’Italie et d’Espagne poser ses valises sur la Côte d’Azur.
Ce titre, « Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir », est emprunté à Henri Matisse qui de sa chambre de l’hôtel Méditerranée raconte cette guerre inoffensive qui pare la promenade des Anglais : la bataille de fleurs.
Mais au delà de ce grand rassemblement festif, où règne toutes les fantaisies, j’y vois dans cette citation le processus même de mon travail de recherches iconographiques.
Dans les Mots et les choses, Michel Foucault fait référence à la célèbre phrase de Lautréamont « beau comme la rencontre d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection » pour illustrer la manière dont des choses complètement disparates peuvent se trouver mises en relation du fait du partage d’un espace commun. Séduite par cette vision, j’envisage depuis qu’aucune règle ne vient dicter à l’avance les façons d’occuper ma table de montage. Dans tous les cas, la recherche iconographique, qui est au coeur de ma pratique, apparaît dès lors, comme une façon de rompre avec la lecture linéaire de l’histoire, suscitant des combinatoires infinies du passé avec le présent.
Je parcours ainsi des centaines d’images, à la recherche de ces « fleurs », qui dans cet entrechoquement et qui à la suite de rencontres tout à fait hasardeuses font le charme, pourvu que ça marche !
Des figurent émergent alors, au fur et à mesure, dans une absence de décors, paysages ou autres environnements afin que chacun puisse y projeter son paysage mental. Tout devient possible, surmontable : la réalité cède sa place à la réalisation de l’imaginaire.