Design Insulaire
Design Insulaire présente le travail de Migline Paroumanou et Johanna Grégoire
« Migline Paroumanou prélève de menus fragments de l’île où ses ancêtres l’ont menée, qu’elle transpose en céramique dans un geste de fixation soulignant simultanément la fragilité du vivant et l’impermanence de notre condition. Feuilles de bananiers, baba figues, noix de coco et caramboles deviennent les phonèmes d’un langage plastique qui se décline en pièces de vaisselle ou sculptures, jouant ainsi avec les places et usages supposés des éléments constitutifs de l’environnement réunionnais, comme du monde de l’art. Le contenu se fait contenant, l’extérieur migre vers l’intérieur, les cultures s’entremêlent, le sacré se banalise et inversement. La feuille de bananier sur laquelle mangent les fidèles dans les temples hindous devient ainsi plat ou assiette, tandis que le coco, que l’on casse dans la religion hindouiste pour briser l’ego, se transforme alternativement en ramequin ou sculpture. Cette volonté assumée de transcender les catégories est l’ADN même de l’œuvre de celle qui se considère comme une artiste-artisane-designer (…) »
Bérénice Saliou
« À La Réunion comme aux Antilles d’où est originaire Johanna Grégoire, la canne à sucre façonne le paysage et imprègne les esprits (…). Depuis trois ans, Johanna Grégoire interroge les imaginaires de ce patrimoine à la fois aimé et controversé par un vaste projet de design revisitant ses matières, formes et couleurs. Bagasse réalisé en collaboration avec le souffleur de verre Michael Hingant, est une série de verres à rhum posés sur des socles en fibres de canne agglomérées (d’où ils tirent leur nom) et qui révèlent dans la transparence de leur base, les paysages escarpés des cirques de La Réunion (…). "Économie, travail, sociabilité, structuration sociale, construction identitaire, la culture de la canne embrasse tous ces champs. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Et qu’en sera-t-il demain ?" Avec ses expérimentations basées sur la transformation de la canne à sucre et la valorisation de pratiques séculaires, Johanna Grégoire propose des pistes d’innovations artistiques et sociales, en prise avec la réalité du territoire réunionnais, son histoire, ses mémoires et ses défis actuels. »
Bérénice Saliou