Actualités des artistes
Victoire Barbot, Silence is sexy, 2018
Vue d’installation, Soma, Mexico,
© José Esteban Pavlovich

Cendrer ses sculptures

Exposition personnelle
Vidéochroniques, Marseille
du 14/03/2024 au 14/05/2024

Depuis son voisinage avec Vidéochroniques, tandis qu’elle était résidente des ateliers d’artistes de la Ville de Marseille, les échanges entrepris avec Victoire Barbot n’ont cessé de se prolonger. Forte d’un corpus en constant déploiement, l’artiste prend cette fois ses quartiers dans l’espace même de l’association, pour une première exposition personnelle d’envergure intitulée Cendrer ses sculptures.

Derrière ce titre mystérieux se cache une œuvre discrète autant que féconde, d’abord ancrée dans une histoire familiale. Loin de ne constituer qu’une anecdote, cette attache séminale et située renvoie plus largement à notre histoire industrielle - celle d'une petite industrie déclinante, héritière du XIXe siècle -, à ses équipements, à ses méthodes et sa production, à ses territoires, à ses acteurs et, en définitive, à leur délaissement.
S’appuyant de surcroit sur de solides fondements conceptuels et artistiques, le vocabulaire plastique et les processus auxquels Victoire Barbot recourt témoignent explicitement de cet ancrage. Hormis la nature des éléments récupérés constitutifs de ses sculptures instables, il y est question en creux ou plus explicitement d’inventaire, de classement, de stockage, de transport, de notice et de schéma, de conditionnement, d’assemblage, etc. La force de cette évocation de l’économie industrielle tient précisément au fait qu’elle constitue aussi, pour elle, une puissante métaphore de l’économie de l’art, et de celle de l’artiste, notamment confronté à l’encombrement physique que sa pratique manque rarement d’induire, à moins de lui préférer des formes de projections mentales, telles que Victoire Barbot nous le propose.

Commissariat d’Édouard Monnet