Avant que ne fanent les fleurs
Pour son exposition de rentrée, la Fondation Bullukian met à l’honneur le dessin dans ses expressions les plus multiples. Qu’ils soient réalisés en atelier ou in-situ comme le propose Camille Chastang, au détour d’un trottoir lors de voyages vécus à l’autre bout du monde comme avec Thomas Henriot, c’est finalement toujours cette histoire de geste autonome, libre et décomplexé qui traverse et imprègne le travail de ces deux artistes.
L’exposition Avant que ne fanent les fleurs est une ode à ces images en mouvement, où le trait s’émancipe du papier pour rejoindre d’autres supports, où l’encre déborde des cadres pour coloniser de nouveaux espaces et où les dessins éclosent comme des jardins. Émerge alors une nature abondante qui s’épanouit dans des floraisons de bouquets de roses aux rouges éclatants, de violettes, d’iris bleues et jaunes vifs, qui nous feraient presque oublier leurs caractères fugaces et éphémères.
Car en s’y approchant de plus près, on découvre que tout menace de flétrir : les chemins de roses ornent finalement des corps inanimés et les fleurs qui semblaient les plus délicates dissimulent de petites épines tranchantes qui, au lieu de nous caresser le bout des doigts, pourraient bien davantage nous écorcher.
Cette cueillette ne sera finalement pas de tout repos, il ne tient qu’à nous de ne pas trop s’y frotter : les échardes les plus infimes sont souvent à l’origine de nos blessures les plus profondes.