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Angles morts et pointes d'iceberg

Exposition collective
La Diode, Clermont-Ferrand
29/02/2024 18h30-21h

Nicola Bizzarri
Wilfried Dsainbayonne
Smári Róbertsson
Anaïs Touchot

À Artistes en résidence (A·R), nous aimons la métaphore de l’iceberg pour évoquer le monde de l’art. Tous deux comportent une partie émergée, exposée au grand jour, ainsi qu’une autre, évoluant dans l’ombre - dont la taille plus imposante permet de porter la première et de lui assurer sa visibilité. Les résidences d’artistes, et le travail de recherche et de création en général, rendent ainsi possibles les expositions et autres formes de diffusion publique, tandis que la réalité du métier d’artiste reste largement méconnue. Sous les croyances et mythes romantiques de la vie d’artiste se cache ainsi souvent un travail de production, d’administration et de communication éreintant, exercé dans des conditions précaires et concurrentielles. A·R souhaite, par son activité, soutenir et rémunérer les artistes pour cette partie moins visible de leur travail : la recherche et l’expérimentation, sans obligation de finaliser une production. Les artistes invité·es ont néanmoins la possibilité de présenter leur pratique aux publics, afin de l’ancrer dans le lien social sans lequel elle ne saurait exister.

Le 29 février 2024, quatre artistes actuellement en résidence à A·R présentent ainsi des œuvres à des stades de développement variés. Tou·tes les quatre partagent une façon d’interroger les mythes, anciens ou contemporains, en tentant de comprendre leur construction, leurs mutations et leur survivance au sein de sociétés, de cultures et d’époques différentes. Anaïs Touchot (FR) nous propose dans l’Académie de la croûte de percer le mystère de la figure de l’artiste afin de pouvoir, nous aussi, en adopter la posture. Nicola Bizzarri (IT) s’intéresse aux représentations symboliques du pouvoir et leur injection discrète dans nos intérieurs domestiques par le biais de bibelots et d’objets décoratifs. Smári Róbertsson (IS/NL) nous transmet son goût pour les légendes locales, souvent sombres, dont la tradition orale produit des versions divergentes qui gravitent autour d’une critique sociale et politique camouflée. Wilfried Dsainbayonne (FR) prend quant à lui une histoire intime comme départ de ses recherches : le retour de son père dans son pays natal du Congo, devenant par son absence une figure entourée de mystères, protagoniste de récits rocambolesques.

Le public, au détour des espaces de travail que A·R partage avec le collectif Les ateliers, découvre ainsi quatre manières de désaxer les regards vers les angles morts, quatre façons de gratter la surface du visible pour comprendre comment adviennent et circulent les récits. Les artistes proposent de nouvelles histoires (avec un h minuscule), qui renversent les échelles de valeur, frottent le personnel au collectif et l’ici à l’ailleurs, pour faire surgir une interrogation profondément politique sur les processus d’écriture même de l’Histoire (avec un H majuscule).