Dire quasi la stessa cosa

Dire presque la même chose[1]. Puisque deux langues ne sont jamais les mêmes, elles ne permettent jamais d’exprimer des choses identiques : c’est autour de cette différence, ce « presque », que travaille Camille Llobet. Ses œuvres, des expérimentations captées par le regard de la caméra, confrontent des langues qui souvent s’ignorent : langue des signes et musique (dans Voir ce qui est dit) ; images rétiniennes furtives et langue naturelle (dans Revers) ; babillage du nouveau-né et chant lyrique (dans Majelich) ; images mentales et mouvements corporels (dans Faire la musique). La perception est mise à mal par ces bruits – sons comme silences – et ces signes plastiques (dans Alice), qui ne font pas immédiatement sens, que notre logos[2] ne parvient pas à saisir tels quel. Pourtant, par la confrontation des langues, Camille Llobet engage le·a spectateur·rice vers un horizon poétique, imaginaire, où sa perception se recompose dans un nouvel univers sensoriel. Dans Dire quasi la stessa cosa, Camille Llobet pousse chaque son, chaque lettre, chaque geste aux confins de son expressivité, révélant par là ses limites, pour finalement « faire voir le non-dit ».

[1] Le titre de l’exposition est tiré de l’ouvrage éponyme d’Umberto Eco. Idem pour la citation finale.

[2] Pour les grecs, le logos est à la fois la raison, la pensée, mais aussi le discours.